Extrait du journal
gations religieuses’ reconnues dans les Etats de la Ligue, la garantie du libre exercice de leurs cultes et de la mission dans toutes les colonies.’ Enfin, contre les infractions au règle ment de la Ligue, le projet allemand pré voit des sanctions financières, économiques et militaires, et porte tous les frai» et dé gâts des membres de la Ligue à la, charge de l’Etat infracteur. A ce projet, M. Clémenceau a répondu très courtoisement, hier, en repoussant d’abord l’établissement d’un bureau de conciliation permanent. Ce bureau man querait d’autorité. 11 est jugé préférable de recourir, pour chaque cas, à une Com mission spécialement désignée, donnant des garanties d’impartialité. Par contre, le projet de Cour internationale permanente est accepté. L’arbitrage obligatoire n’est pas réalisable actuellement. Les proposi tions sur la liberté économique seront sou mises à la Société des nations avec sym pathie. La réponse alliée reconnaît qu’en principe les délinquants doivent payer tous les frais des troubles, mais elle re fuse d’insérer dans le pacte cette obliga tion. ... , Les prisonniers de guerre Une autre note de M. de Brockdorff avait trait au rapatriement des prison niers de guerre. M. Clemenceau, dans sa réponse remise hier, déclare que les Etats alliés ne peuvent consentir à la libération des prisonniers de guerre et des prison niers civils qui se sont rendus coupables de crimes ou de délits commis sur le ter ritoire allié, et que les autorités légale ment constituées ont réprimés sans tenir compte du fait que le délinquant était allemand'et non un citoyen allié. En ce qui concerne les adoucissements à apporter au sort des prisonniers do guerre et internés civils entre la date de la signature de la paix et celle de leur rapatriement, les puissances ignorent quel adoucissement pourrait être accordé, car elles se sont scrupuleusement efforcées d’observer les lois de la guerre et de satis faire aux exigences de l’humanité dans le traitement qu elles ont accordé aux prison niers de guerre. La propriété personnelle des prisonniers de guerre leur sera restituée ; c’est un droit légal que les puissances respecteront. Enfin, oes Commissions seront instituées, dès que la paix sera signée, pour s’occuper du rapatriement des prisonniers de guerre; ces prisonniers recevant la nourriture et l’entretien convenables, mais ne pouvant être rééquipés, la quantité de vêtements à la disposition des armées alliées étant encore tout à fait insuffisante. La situation économique Le comte de Broekdorff-Rantzau a adressé au président de la Conférence de la paix, sous la date du 13 mai, au sujet des conditions économiques du traité de paix, une note dont voici l’essentiel : Au cours des deux dernières générations. l’Allemagne s’est transformée d’un Etat agricole en--un Etat industriel.-Tant qu’elle était un Etat agricole, l’Allemagne pouvait nourrir 40 mil lions d’habitants. En sa qualité d’Etat indus triel, elle pouvait assurer la nourriture d’une population de 67 millions. Conformément aux conditions du traité de paix, l’Allemagne livrera son tonnage marchand et les bâtiments en construction propres au commerce d’outre-mer. En outre, l'Allemagne renoncera à ses colonies. Par la mise en vigueur des clauses territo riales du traité de paix, l’Allemagne perdrait, à l’Est, les régions les plus importantes pour la production des blés et des pommes de terre. En plus, conformément au traité, l’Allemagne cédera 4 ses voisins presque les trois quarts de sa production des minerais et plus des trois cinquièmes de sa production de zinc. Au bout de très peu de temps, l’Allemagne ne serait donc plus en état de donner du pain et du travail à ces nombreux millions de per sonnes réduites à gagner leur vie par la navi gation et par le commerce. La mise en exécution des conditions de paix entraînerait donc logiauement la perte de plu sieurs millions de personnes en Allemagne. Cette catastrophe ne se ferait pas attendre, puisque la santé de la population a été brisée pendant la guerre par le blocus, et pendant l’armistice par l’aggravation du blocus affameur. Aucun recours, si important et de si longue durée qu'il fût, n’empêcherait ces décès en masse. La paix imposerait à l’Allemagne ’ un nombre multiple de sacrifices humains que ne lui a demandé cette guerre de quatre ans et demi (1750 000 tombés à l’ennemi, presque 1 million morts victimes du blocus). M; Clemenceau a fait remettre, le 22 rnai, au président de la délégation alle mande, une réponse, dont voici le résumé ; Ce rapport semble présenter un exposé des fails très Insuffisant, être empreint en certains endroits d’une grande exagération et ignorer les principes fondamentaux qui se dé gagent des origines de la guerre et de ses résultats, et qui expliquent et justifient les conditions à imposer. La note allemande raisonne comme si ce chiffre était celui de la population aux besoins de laquelle l’Allemagne devra continuer à pour voir avec des ressource» amoindries. La note ne mentionne pas qu’on laisse intacte à. l’Allemagne une portion importante dé son petit tonnage ; les représentants de l’Allemagne semblent avoir complètement perdu de vue que le sacrifice de son gros tonnage constitue, le châtiment inévitable et nécessaire qui lui est imposé, pour avoir, pendant les deux dernières années de la guerre, mené, au mépris de toutes les lois et de tous les précédents, une campagne sans pitié contre la flotte marchande du monde. La note insiste vivement sur le projet qui doit priver l’Allemagne) à l’Est, des régions consacrées spécialement à la production du blé et des pommes de terre. Ceci est exact, mais elle ne fait pas remarquer que rien dans le traité de paix n’interdit soit la continuation de cette culture dans les régions en question, soit l’importation en Allemagne de ces produits. Les puissances alliées et associées ne sau raient accepter les appréciation-: purement spé culatives que leur présente la note allemande, sur l’avenir de l’industrie allemande en géné ral. Ces appréciations leur paraissent caracté risées et viciées par des exagérations évidentes. Ii n’est pas tenu compte du fait que le désastre économique provoqué par la guerre est très étendu, et même universel. Tous les pays auront à en souffrir. Il n’y a pas de raison pour que l’Allemagne, responsable de la guerre, n’en souffre pas également. Finalement, la note allemande affirme à la légère que les conditions de paix entraîneront logiquement la disparition de plusieurs mil lions de personnes en Allemagne, en plus de celles qui ont péri dans la guerre ou qu’on représente comme victimes du blocus. On pourrait très justement opposer aux pertes subies par l’Allemagne du fait de la guerre, les pertes beaucoup plus considérables causées aux pays alliés par son, agression et par sa conduite de la guerre, pertes qui ont laissé des marques ineffaçables dans la popu lation mâle de l’Europe. La réponse allemande ne tient pas compte des grandes facilités qu’apportera à l’Allemagne au cours de ses efforts de reconstitution, la réduc tion obligatoire de ses armements militaires à l’avenir. Des centaines de mille de ses habi tants qui, jusqu’à présent, étaient employés soit à la préjau-ation de la guerre, soit à la pro duction d’engins de destruction, seront désor...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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