Extrait du journal
pavillon que formaient, en se re joignant, les cimes balancées de quatre ormes. La troupe de l’Odéon joua la Fille de Roland. En plein air et sous l’impression du grand nom de Bouvines, ce qu’il y a d’un peu superficiel dans cette oeuvre disparaissait. On n’en retenait que l’inspiration et tels vers dont l’ac cent est cornélien. La chanson des deux épées, Joyeuse et Durandal, n’était pas un vain cliquetis de mots, mais vraiment d’acier trempé, prêt à agir. Une espérance se levait de cette tragédie avec le beau vers adressé à la France : Tu trouves un héros dès qu'il est nécessaire. Une tragédie, oui ; dans ce décor, l’œuvre était digne de ce nom. Nous revivions les plus beaux instants de notre histoire et, sans lé savoir encore, nous nous apprêtions » à la continuer. Une atmosphère héroïque planait, non. pas tendue, mais sereine et confiante. Et com bien le regard, un instant détaché dès acteurs, se plaisait, à une large coulée d’herbes vertes, encadrée de beaux arbres, glissant, à droite, vers les eaux de la Marque. Eaux calmes et reflétant le ciel d’une ri vière où les corps avaient roulé, sanglants, lors de la grande ba taille. # Un mois ensuite, le tocsin de la mobilisation sonnait sur Bouvines comme sur tous les villages de France. M. Félix Dehau, déjà sep tuagénaire, vit partir les hommes qui s’exerçaient souvent à tirer à l’arc sous ses yeux, et auxquels allait être remis un Lebel. C’est peu de dire que ceux-ci furent décimés, puisqu’il n’en revint que trois sur dix. Au lieu du monument dont Hippolyte Lefebvre avait exécuté la maquette pour célébrer PhilippeAuguste, ses chevaliers et sa. mi lice, un cénotaphe à la mémoire des enfants de la paroisse fut d’abord consacré dans l’église aux belles verrières-^ Puis le vieillard que ni les ans ni l’invasion n’avaient courbé pré para l’inauguration, en juin de la présente année, du mémorial de nos deux victoires, 1214 et 1918. Ceux qui l’ont salué chez lui ce jour-là, déjà touché par le mal qui devait l’emporter, purent vérifier combien sont vrais, en pins d’un cas, les beaux vers de Victor Hugo qui comparent le commencement d’une vie à son achèvement : Car on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais dans l’oeil du vieillard on voit de la lumière. A. Mabille de Poncheville....
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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