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La Croix, 28 décembre 1887

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La Croix
28 décembre 1887


Extrait du journal

NOTRE POLITIQUE On nous harcelle pour que nous don nions enfin un programme politique. Nos aimables correspondants veulent bien nous dire que le programme que nous donnerons sera accepté par nos lecteurs. Nous ne pouvons que répéter que nous n’avons pas de programme politique. Et nous n’en avons pas, parce que nous ne voulons pas en avoir. « Vous avez beau affirmer, nous écrit* » on, que la Croix est indépendante, on ne » le croira pas tant qu’elle ne sera pas » l’organe d’un parti politique indépendant » de tous les partis actuels 1 » De qui donc serions-nous dépendants? Trouvez-nous donc le parti politique qui voudrait s’identifier avec nous et procla mer hautement les principes que nous ne cessons de professer. Mais on nous demande de créer un parti en dehors de tous les partis, un parti dont ensuite nous serions l’organe. Nous n’examinerons pas la possibilité de créer ce parti. Mais, dût-il être, pos sible, dussions-nous n’avoir qu’un mot à dire, une ligne A écrire pour le créer, que nous ne dirions pas ce mot, que nous ne laisserions pas cette goutte d’encre sortir de notre plume. Nous ne voulons pas créer un parti. Nous ne cherchons point à détacher qui que ce soit d’un parti. Nous ne voulons servir d’organe à aucun parti. Cela est net. Si flous connaissions une formule encore plus explicite, nous l’em ploierions. Nous nous adressons à tous les partis sans exception. A tous nous apportons la même vérité ; à tous nous nous adressons avec le même dévouement. * * Il y a une immense erreur répandue partout autour de nous. Elle consiste à chercher a la crise actuelle une solution politique. .. Cette erreur tient A une autre plus pro fonde. Les hommes qui la professent ne connaissent pas le mal dont nous souf frons. Il y a quelques semaines,quand M. Grévy ne savait plus constituer dajninistëre, les journaux répétaient A l’envi les uns des autres, ce mot de la situation : — La crise n’est pas ministérielle. Elle est présidentielle. Nous dirons de même. — La crise que traverse notre pays n’est pas une crise politique. Elle est une crise sociale. ' C’est la société humaine toute entière qui se dissout. La société humaine est un bâtiment dont les pierres sont rongées par des ter mites, et les poutres par le champignon. Il craque de toute part. * ** Nous ne méconnaissons pas la grandeur de la question politique. Mais nous disons hautement qu’elle n’est que secondaire. La question sociale est celle qui domine toutes les autres. Etau fond de la question‘sociale,il y a la question religieuse. Que demain arrive an pouvoir un roi ou ûn empereur, il se trouvera en face de la question sociale. Qu’un heureux sabreur balaie tous les parlementaires on que le parlementarisme s'érige en convention en se passant même de président, n’importe. La question qui restera IA, ce sera la ques tion sociale; la question même des assises sur lesquelles repose toute la société humaine. Voilà un fait qui crève les yeux. Il res sort même de la lecture de tous les Jour naux. Même ceux qui sont plus directe ment l’organe d’un parti, n’importe les couleurs de leurs drapeaux respectifs, sont au fond, plus préoccupés du mal social que du mal politique. Or, A la base de toutes les questions so ciales, il y a la question de la loi de Dieu. Donnez-nous 1a société la plus merveil...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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