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La Croix, 28 mai 1920

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La Croix
28 mai 1920


Extrait du journal

M. le sénateur de Las Cases veut bien nous communiquer ses impressions sur le voyage patriotique qu’un si grand nombre de parlementaires ont eu l’heureuse pen sée de faire ensemble pour assister à l’inoubliable cérémonie de la canonisation de Jeanne d’Arc (1). Pour ne pas répéter des choses dites, M. le sénateur nous permettra de suppri mer ce qui se rapporte aux cérémonies pour ne retenir que les impressions que nous nous faisons un plaisir de publier. Les parlementaires français qui, en grand tnombre, s’étaient rendus à Rome, sont rentrés le 20 à Paris. Le voyage avait été court, trois nuits en i «chemin de fer, trois journées dans la Ville Eternelle, ‘Le nombre était honorable, de ceux qui n’avaient pas hésité un instant devant ces fatigues. Ils entendaient rendre, par leur présence, té moignage à la catholicité qui, dans la même semaine, canonisait trois saintes, symbolisant aü plus haut degré trois des plus belles vertus françaises : l’amour du Christ, la charité, le patriotisme. Le patriotisme, nul ne l’a porté plus haut «pie la Sainte de ‘Domrémy, la petite Française qui dans les temps difficiles a trouvé dans son cœur et dans la mission divine qui lui était confiée la force de réveiller un roi nonchalant, écrasé par les défaites, rendre sa valeur à une cour divisée par les ambitions rivales, et de rétablir dans son unité un pays que l’invasion menaçait de submerger tout entier. La charité, Louise de Marjllac, femme du monde entraînée par son cœur à aller vers les pauvres gens, les miséreux, les malades, les blessés et les mutilés de la vie, Louise de Marillao qui a fondé l'œuvre des Filles de la Charité, ces admirables Sœurs de Saint-Vincent de Paul dont on a pu dire, que comme il n’y avait qu’une Jeanne d'Arc dans l’histoire du monde, 11 n’y avait qu’une Congrégation de Saint-Vincent de Paul dans l’histoire de la charité. Et Marguerite-Marie, la dévote du Christ, celle dont l’amour a le mieux pénétré ce que la doctrine avait de bon, de doux, de bienfai sant, de fraternel. On dit que la France est en train de perdre l’idée religieuse et l’idée chrétienne. Si l'idée chrétienne est faite d'amour du peuple, de fra ternité, de recherche de l’amélioration du sort de ceux qui souffrent et en même temps de plus de justice dans la répartition du bonheur terrestre, quel pays a jamais poussé plus loin l’idéal chrétien ? L'erreur, disait Bossuet, est souvent une vérité dont on abuse. Même chez les plus avancés de nos socialistes il y a dans leurs doctrines une parcelle de l’idée religieuse qui en fait lé force, la beauté et plaide pour eux les circonstances atténuantes. . Sanctifier ainsi les vertus de notre race, n'était-ce pas pour l'Eglise catholique montrer à la France la tendresse que le chef de la chré tienté avait pour notre pays ? ... Que de souvenirs qui, dans le cœur de oeux qui les ont sentis resteront inoubliables 1 Sur leurs larges rubans tricolores et les insignes du Sénat et de la Chambre, les parle mentaires venus à Rome incarnaient non un parti, mais l’âme d’une nation fille aînée de l'Eglise qui entend n'imposer à personne une croyance, mais n'entend pua que sa croyance «soit maltraitée. , A ces fêtes de la canonisation s'ajoutait encore une pensée nouvelle, la reprise des relations aveo la Papauté, reprise que les Chambres demain réaliseront à la fois comme un hommage au chef de cette institution ca tholique dont Georges Goyau disait si juste ment qu’elle était la plus grande synthèse de . raison qui eut jamais illuminé le monde, et aussi comme une nouvelle source d’union entre tous les esprits respectueux des croyances de chacun. Reçus par le Pape, les parlementaires fran çais l'avaient d'abord été par M. Hanolaux, ambassadeur extraordinaire à la canonisation de Jeanne, ils le furent ensuite par M. Barrère, ambassadeur de la France auprès de l’Italie officielle. ’ Cette réception constituait la démonstration de ce qu’il y avait d’esprit d’union dans la démarche spontanée de nos députés et de nos sénateurs. Dans ce palais Farnèse, un des plus beaux de Rome, dont les murailles sont recou vertes par ce que l’art de notre! tapisserie na tionale des Gobelins a de plus délicat et de plus splendide à la fois, c’était la France d'au jourd’hui qui tendait la main & la France d’hier préparant l’essor de la France de demain. Présent, passé, avenir, la France paraissait partout dans tout son éclat, au milieu de «es hauts et grands salons, entourés qu’étaient nos représentants par l’élite de la société romaine et par un grand nombre de personnages les plus éminents du monde officiel italien. Et c’était aveo une émotion pleine de con fiance qu’après avoir prié Jeanne d’Arc, la Sainte de la viotoire, on pensait que eette France, ai grande par les arts, par les lettres, par la, phi losophie à travers les siècles écoulés, plus grande que jamais encore par la victoire de ses armes dans une guerre où elle a sauvé le monde de la barbarie teutonne, saurait con server, grâce à son énergie, à son union et à son patriotisme, le râle qui lui appartient : le premier. ' E. de LAs Cases, sénateur....

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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