Extrait du journal

vaillamment et sans récriminations les nouveaux impôts et leurs conséquences. M. Le Cour Grandmaison et M. Daudet n’en sont pas persuadés. Il est facile de voir dès maintenant tout ce que dira le Bloc des gauches au pays, lui repré sentant l’occupatton de la Ruhr Comme une opération non seulement improduc tive mais ruineuse, les impôts comme une surcharge intolérable pesant unique ment sur les humbles et sur les classes moyennes, tandis que les « gros » con tinuent à les esquiver et à ne les point payer. Il «rappellera les gaspillages scandaleux de nos ressources dans les marchés de guerre et dans les répara tions des pays dévastés, gaspillages non encore réprimés quoi qu’ils aient été depuis longtemps dénoncés et prouvés. Il lancera enfin le total formidable de 9 milliards d’impôts non encore versés», surtout par les « gros », quand on sur charge une fois de plus les « petits ». Ces raisonnements et ces faite ne manqueront pas d’impressionner le pays, et, naturellement, auprès de beau coup, ils frapperont d’impopularité ceux qui auront voté les nouveaux impôts, c'est-à-dire le Bloc national. Et ainsi nos amis se représenteront dans des conditions fort difficiles, tandis que leurs adversaires radicaux et socialistes se feront un titre de gloire d’avoir re jeté les nouveaux impôts et d’avoir pro posé, par la répression des gaspillages, des réformes mieux opérantes et faciles. Et si le résultat de pareilles cam pagnes permet au Bloc des gauche^ de" reconquérir beaucoup de ses anciennes positions, que deviendra la politique de M. Poincaré lui-même, celle qui aura nécessité de pareils sacrifices ? Le pré sident du Conseil sera remplacé par d’autres : M. Loucheur, dont l’orienta tion vers la gauche s’accentue de jour en jour, M. Briand ou d’autres, et alors ? Alors, M. Le Cour Grandmaison l’a fait dire à la gauche dans des affirma tions qu’il a enregistrées, ce sera l’aban don de la politique des gages, ce sera l’anticléricalisme, ce sera la lutte des classes, ce sera une politique fiscale nous acheminant d’une manière encore plus accélérée vers le socialisme. Voilà le second terme de l'alternative non moins désastreux que le premier. Aussi regrettons-nous que le président du Conseil ait ainsi enfermé la Chambre dans un dilemme qui embarrasse con sidérablement ses meilleurs amis et qui, nous persistons à le croire, aurait pu être évité par d’autres solutions. Jean Guiraud....