Extrait du journal

Les Pères Rédemptoristes ont eu l’heureuse pensée de donner au publie catholique une édition en un seul vo lume de la Vie de saint Alphonse de Liguori, du P. Berthe, dont toutes les œuvres sont si appréciées- C’est du reste sur les indications fournies par l’émi nent auteur de son vivant que la con densation du livre a été réalisée. L’œuvre qui résume l’existence si longue, si pleine, si féconde du saint Docteur, fondateur de la Congrégation du Saint-Rédempteur et auteur de la Théologie morale sur laquelle sont basés tous les cours de morale catholique rédigés depuis, est ainsi fort heureuse ment mise à la disposition de tous. Ce volume intéressera surtout les Con grégations dont saint Alphonse fut le père. Mais comme toute vie de saint per sonnage dont l’action a été profonde, il édifiera quiconque aura la bonne pensée d’en entreprendre la lecture. Comme toute biographie historique racontant les événements d’un siècle, il offrira un vif intérêt à tout lecteur aimant à com pléter sa connaissance générale d'une époque par la description vivante d’une existence qui s’est déroulée dans ce cadre. Ajoutons que plus que tout autre livre ascétique, il aidera les chrétiens d’élite qui désirent connaître théoriquement les voies de la perfection chrétienne et s’v avancer eux-mêmes à réaliser en eux cette ascension si désirable par l’exemple et le conseil d’un Saint qui, en raison de la longueur de sa vie, de sa rare puissance de travail et de la tournure très spéciale de son esprit, n'a pas, au point de vue de la direction des âmes, son pareil pour mériter le titre qu’on lui a si justement donné de Doc teur très utile. Présentant aujourd’hui cette œuvre aux lecteurs de la Croix, où elle a été du reste déjà annoncée dans les « Notes bibliographiques » (4), nous croyons rendre service à beaucoup en émettant, après lecture, trois réflexions d’ordre général qui sont d’intérêt uaiversel et d’application pratique pour tous. C’est une chose admirable que la ma nière dont la Providence pourvoit à pré parer l’avenir de chacun ici-bas. Dieu qui veille siir le lis des champs et sur le petit pâsseréau dispose à plus forte raison chaque homme en Vue de la mission qu’il lui réserve au sein de la société. Les saints, évidemment, sont l’objet d’une sollicitude plus grande en core, et lorsqu’on embrasse leiir vie d’un coup d’œil d’ensemble, on est frappé de voir s’appliquer à chacun d’eux la parole de Dieu à son peuple choisi : « Je t’enverrai mon ange pour te précéder, te garder pendant le voyage et t'introduire dans le lieu que je t'ai préparé. » Lorsque le jeune Alphonse de Liguori poursuivait avec un soin méticuleux ses études de droit et entrait au barreau comme avocat, il semblait, au premier abord, suivre une voie commune. Les avocats n’ont jamais fait défaut dans aucune capitale. En réalité, lorsqu'on embrasse sa vie dans un coup d’œil général, il apparaît avec évidence que la sagesse divine le conduisit par la main à la fois vers la fondation de sa grande œuvre de missionnaires et vers son entreprise grandiose de codification de la théologie morale et de méthode soignée de solution des cas de con science universels. Ainsi, chaque fidèle, et surtout chaque prêtre, doit-il .être assuré que du haut du ciel un regard paternel est arrêté sur lui et une main aimante le conduit. A l’autre extrémité de la vie de notre Saint, le lecteur trouve, non sans quelque étonnement, que le Saint passa par une volonté crucifiante de la Providence, à travers une épreuve vraiment navrante. Et lorsqu’on réfléchit et rapproche ces pages si douloureuses de celles qui donnent un pareil couronnement à plu sieurs autres vies de saints, celles par exemple de saint Jean de la Croix et de saint Jean-Baptiste de la Salle, on voit qu’on ne se trouve pas ici en face d’un cas isolé, mais en présence d’une sorte de loi de sanctification. Jésus-Christ a terminé son existence terrestre par cette complexité de dou leurs et d’humiliations qui a constitué le drame du Calvaire où Dieu le Père, de même qu’il faisait comme un fais ceau de tous les péchés du monde et le jetait sur les épaules de son Fils, de même réunissait en une effrayante combinaison toutes les angoisses et toutes les souffrances humaines -pour que Jésus les éprouvât toutes lui-même. Le calice.qu’il a ainsi bu jusqu’à la lie, le Sauveur le présente à ses .plus dé voués serviteurs au terme de leurs jours mortels pour qu’ils en goûtent et ac ceptent l’amertume. Rejetés par'leurs propres supérieurs, ces trois Saints couronnent leur sain teté en consommant leur sacrificeChrétiens, ne nous en troublons pas. Dieu' sait quelles sont les âmes assez fortes pour gravir un tel calvaire : il les y soutient en attendant de les récom penser. Adorons ces lois, même si nous les trouvons si dures que nous n’arrivons pas à les comprendre. Il est une autre leçon de la vie de saint Alphonse que, nous tenons à déi (1) fie de saint Alphonse de Liguori, 15 te....