Extrait du journal

ou moins, bien entendu, et pour des cau ses devant lesquelles la pauvre petite science humaine reste impuissante ; mais il sera froid, il sera l’hiver. Et puis, il y a des gens pour qui il est toujours trop froid, même quand il l’est pour nous juste assez pour nous faire ap précier la douceur du feu dansant dans la cheminée ; ce sont les pauvres. Car enfin, dans ces vilains jours de la fin d’octobre, qui ne sont qu’un fâcheux avant-goût des mois prochains, imaginez ce que peul être une mansarde ou une cabane sans feu. Et il y en a ! J’ai rencontré ce soir une pitoya ble vieille qui ramassait, sur le boulevard, des petites branches mortes qu’avait abat tues un coup de vent. Ab ! le triste fagot 1 Et comme, pour en éprouver la chaleur, il faudra qu’elle y mette, la pauvre vieille, de la bonne volonté ! Vous en connaissez, de ces malheureux, pour qui l’hiver n’est qu’une aggravation de leur dénuement. Ils vont souffrir du froid dans leur chair, et c’est lamentable. Mais, ce qui l’est plus encore, c’est qu’en juillet comme en décembre ils ont froid au cœur. Et c’est cela, le terrible hiver. Réchauffez-les, ces pauvres gens. Ce n’est pas difficile, je vous assure : quel ques fagots à deux liens de bonté, quel ques (( boulets » dans un sac de sollicitude y suffiront à peu près. Lançons, A travers l’océan des misères de ce monde, le Gulf-Stream de la Cha rité. Nous y sommes mieux qualifies que quiconque, nous chez qui les petits ruis. seaux d’aumônes ont fait, par le monde entier, de grands fleuves de largesses. Et ce Gulf-Stream, malgré leur manie -du trust, je délie Lieu les Américains de nous le chiper. V. Chapelle....