Extrait du journal

Bourges, le 2 mars 1800. I/escapade de Philippe, due d’Or léans, qui était venu à Paris soidisant pour réclamer sa gamelle et qui s’est vu transférer à Clairvaux empêche, parait-il, les autres préten dants de dormir. Ils estiment que le fils de Phi lippe VII leur a joué un mauvais tour, qu’il a cherché à capter à leur détriment les faveurs de l’opinion pu blique et la confiance du pays. Le mot « confiance » nous semble quel que peu prétentieux, et les cher cheurs de couronne se trompent étrangement sur les sentiments de la France s’ils s’imaginent qu’elle songe à eux et qu’elle porte le moindre intérêt à leurs personnes. Le jeune Victor, A ce que l’on ra conte, est profondément vexé de l’aventure dont le duc d’Orléans a été le héros,et M. Boulanger lui-même en est arrivé à jalouser le jeune conscrit qui n’a pas craint de se voir condam ner à manger le pain noir de la pri son — en dépensant 1)2 francs par jour pour sa nourriture. La popularité du jeune détenu a fait complètement oublier le général qui, l’année dernière — on ne l’a certainement pas oublié — obtenait à Bourges un si beau succès électoral. Aussi les bonapartistes et les boulangistes commencent à trouver fort désagréable une concurrence qui re jette leurs prétendants au second plan. Quelques journaux du parti du Deux-Décembre et de Sedan trouvent que Victor manque d’énergie, et que s’il n’était pas une poule mouillée il ne se serait pas laissé couper l’herbe sous le pied par le « Monseigneur » du Messager. A vrai dire, ce n’est pas la volonté qui lui manque, et il ne demande pas mieux que de quitter Bruxelles et de venir prendre l’air des boulevards; mais en agissant ainsi il se ravale rait au rôle humiliant de copiste, car il ne ferait qu’imiter le petit duc et l’entreprise ne produirait aucun effet. Il y a bien le débarquement à Bou logne ; mais la mer n’est pas sûre, et puis il faudrait se procurer un aigle apprivoisé, le petit chapeau et le morceau de lard, sans compter la mise en scène et les compères. Tout...