Extrait du journal

Bourges, le 3 mars 1891. L’organisation de l’armée coloniale touche à sa fin. La commission technique a terminé son travail et la discussion commencera prochaine ment à la Chambre. On peut dire quelle sera la bienvenue, puisque la loi nouvelle épargnera aux jeunes gens sous les drapeaux l’obligation de servir dans les colonies, sauf à ceux que leurs numéros désignent pour l’infanterie de marine. Pas de colonies sûres et prospères sans une force armée capable de les protéger. Pas de bonne armée colo niale si elle n’est pas spéciale, si les hommes qui la composent vont et viennent de la métropole à la colonie, à contre-cœur fort souvent, affaiblis sant les ressorts de la grande armée nationale par des déplacements con tinuels. Le problème posé depuis si longtemps est enfin à la veille d’être résolu. Désormais les troupes destinées à nos possessions lointaines, dans les quelles, bien entendu, ne sont com prises ni l’Algérie ni la Tunisie, ces Frances de la Méditerranée, seront recrutées par des engagements volon taires et des rengagements. Les jeunes gens qui ont le goût des voyages, le désir de voir du pays, les rengagés attirés par une forte prime, par une haute paye, pensant peut-être les uns et les autres à devenir colons et à planter définitivement leur tente de citoyen là où aura été dressée leur petite tente de soldat, seront certaine ment assez nombreux pour constituer les effectifs nécessaires. Quant à l’infanterie de marine qui passera probablement au ministère de la guerre, son rôle sera mixte. Garnison née dans nos ports de mer, ou bien elle renforcera l’armée colo niale quand il le faudra, sur les points faibles ; ou bien elle restera entière ment et complètement à la disposition de la défense nationale. Le principe est qu’en général l’armée coloniale doit se suffire à elle-même. Reste dans le projet de la commis sion technique de l’armée coloniale un point délicat, controversé par la commission parlementaire et qui soulèvera probablement un vif débat à la Chambre. La commission...