Extrait du journal
C’est par pur patriotisme qu’il sert Louis XVIII après Napoléon ; il aban donne successivement toutes les causes pour ne songer qu’à l’intérêt supérieur de la France, et il écrit : « Il n’y avait aucun parti qui répon dit à ma manière de voir. Je réfléchis longtemps et je m’arrêtai à l’idée de servir la France comme France, dans quelque situation qu’elle fût. Dans toutes il y avait du bien à faire ; aussi, 11e me fais-je aucun reproche d’avoir servi tous les régimes depuis le Directoire jusqu’à l’époque où j’écris. » On voit que l’excuse est habile : Elle pourrait même être belle, mais cette façon de couvrir des défections d’un manteau de patriotisme, cette glorification de la servilité, cette cou leur de dévouement donné à ce qu’il y a de plus égoïste, pourraient nous conduire loin. Talleyrand, ici, perd sa peine. Si l’on pouvait admettre la théorie qu’il émet pour les besoins de sa cause, il n’est pas de lâcheté, pas d’abdication, pas de volte-face et de trahison qui ne puisse trouver son excuse, sa jus tification et sa glorification même. Non ! ce n’est pas le patriotisme comme il l’indique qui a guidé Talley rand, mais son ambition. Ce n’est pas le désir de servir son pays, mais l’âpre appétit de la fortune. Ce n’est pas l’amour de la France mais l’amour des places qui l’ont successi vement fait abandonner le gouverne ment vaincu pour servir le gouverne ment vainqueur, et oublier le soleil couchant pour saluer l’astre levant. 11 manquait à Talleyrand le sens moral, il lui manquait ce qui seul fait la grandeur des hommes : un idéal supérieur auquel on est fidèlement attaché, et qui est comme l’étoile qui guide leur marche. Il lui a manqué cette rigueur de conscience qui ne sait pas plier; il n’entendait pas cette voix intérieure qui pousse l’homme à se dévouer, à se sacrifier pour des convictions et pour des principes. C’est ce qui fait que Talleyrand, quels qu’aient été son habileté, sa fortune et son renom, n’est pas, ne peut pas être un exem ple à donner aux hommes. Il a réussi, sans doute ! mais il n’y a heureusement pas que le succès dans ce monde. Il n’y a pas que les places, l’or et le fracas que peut faire un puissant. Il y a, pour l’austère histoire, des héros meilleurs, et nous préférerons, à cet évêque courtisan, à ce ministre empanaché, promenant sa Hautaine et aristocratique figure...
À propos
Le journal La Démocratie du Cher est la déclinaison locale d'un journal lancé en 1880 à Montluçon sous le titre La Démocratie bourbonnaise. Le journal est rénommé La Démocratie du Centre en juin 1881. Dans le Cher, le journal La Démocratie du Cher remplace ce même journal en octobre 1881. Il devient La Démocratie en 1894 puis disparaît en 1896.
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