Extrait du journal

Bourges, le 4 juin 1891. C’est bien le mot qui convient pour peindre la situation dans laquelle se trouvent actuellement les vieux partis. Ils ont beau s’agiter et crier ; il est manifeste pour tout le monde qu’ils sont atteints d’un mal incurable, ou plutôt qu’ils ne sont plus que des cadavres. Interrogez l’opinion publique. Elle vous dira que sur toute retendue du territoire les vieux partis ne sont représentés que par d’imperceptibles débris sans vigueur. Par moment, ces tronçons des ré gimes d’autan éprouvent le besoin de donner au pays le spectacle d’un si mulacre de vie. et ils essayent d’orga niser des manifestations qui restent sans écho parmi les masses. C’est en vainque M. d’Haussonville, le nouvel intendant du comte de Paris, a tenté de réveiller de leur torpeur les partisans de la monarchie et les a invités à entrer résolument dans ce qu’il appelait la phase d’action : sa parole s’est perdue dans le vide. Pour ces découragés, la phase d’action c’est le repos, ou plutôt le sommeil qui amène l’oubli. La levée des boucliers prêcbée par M. d’Haussonville ayant complète ment échoué, ce brave paladin change son arme d’épaule et fait annoncer dans les journaux qu’il va prochaine ment prononcer un discours dans lequel il conviera les amis de son roi à remettre l’épée au fourreau... Il devrait pourtant savoir qu’elle n’en est jamais sortie et que le comte de Paris et ses partisans sont gens trop prudents pour se mettre dans un pareil cas. Mais ce qui chagrine par-dessus tout le prétendant orléaniste et ses amis, c’est l’attitude que vient de prendre Léon XIII dans son Ency clique. Le pape, on le sait, fait du socialisme à sa façon ; il va même jusqu’à chercher à concilier autant qu’un pape peut le faire les intérêts de l’église avec ceux de la démocratie. Or, cette prétention cause un dépit manifeste à l’infortuné sire de Shen House, qui en est encore à croire que l’Eglise ne saurait se séparer de la monarchie et qu’elles sont liées par un lien indissoluble. Il devrait pour tant savoir que le lendemain de la Révolution de 1848 l’Eglise, qui avait...