Extrait du journal
Il y a neuf mois, la Question du Gaz qui, paraît-il, ne pouvait plus attendre, se posait ainsi : La Compagnie exploitant actuellement abaissait son prix de 0,35 c. à 0,28 c. le mètre cube fournissait, gratuite ment le gaz à la Ville jusqu’à concurrence de 50,000 francs par an, et offrait 100,000 francs une fois donnés. La Commission municipale, chargée des intérêts de la Ville, acceptait les premières conditions et demandait au lieu de 100,000 francs une somme de 500,000 francs, ou bien une annuité de 25,000 francs. Tous les journaux de Bourges dirent plus ou moins leur avis. Le Messager et Y Indépendant trouvaient que si la Compagnie consentait aux conditions de la Commission, on aurait à se louer de cet avantageux marché. «-La Démocratie soutint le système de la gestion directe en prouvant que les bénéfices de la Compagnie actuelle étaient de plus de 300,000 francs, et adjura les Conseillers municipaux et les Contribuables de ne pas accepter une pareille convention et, dans tous les cas, d’appeler et d’entendre des concurrents. C’est, à la fin, ce qui fut décidé, ët nous avons vu hier les résultats du retard apporté à la conclusion de cette affaire. Une compagnie des plus solvables fait les propositions suivantes : Pendant le temps (trois ans) qui reste encore pour l’exploitation de la compagnie actuelle, elle avancera à la ville trois cent mille francs. Elle donnera une prime de 16 fr. par tonne de houille employée, jusqu’à concurrence de 7,000 tonnes, et 8 fr. après ce chiffre de 7,000 tonnes. Elle accepte les prix du gaz proposés par la commission municipale. Il est certain qu’avec l’abaissement du prix du gaz, le chiffre de 7,000 tonnes sera immédiatement dépassé, et de beaucoup. Mais voyons ce qu’il produirait. 7,000 tonnes à 16 fr. feront 112,000 fr. D’un autre côté 300,000 fr. à 4 0/g donnent un intérêt de 12,000 fr. par an. C’est donc en résumé une annuité de 125,000 fr. qu’offre la compagnie des gaz et eaux de Paris, annuité dépassant de cinquante mille francs la demande même de la commission municipale. Voilà ce qu’on a gagné à attendre. Nous ne voulons pas faire le procès du passé ; mais nos contradicteurs s’avoueront au moins à eux-mêmes que les laits nous ont donné joliment raison. Eh bien ! nous disons maintenant : Pas plus qu’au mois de mai dernier, il n’y a péril en la demeure. Si nos conseillers municipaux veulent faire leur confession en séance privée (car on ne dit pas de ces choses là en public), ils reconnaîtront qu’ils connaissaient mal la Question. Ce n’est pas depuis hier qu’ils ont pu l’étudier à fond, et les propositions qu’on leur a faites leur ont seulement démontré qu’ils n’en soupçonnaient pas l’importance. Attendez encore un mois. Dix mois au lieu de neuf, ce 11’est pas une affaire, surtout quand on a encore trois ans devant soi. Qu’on soit bien certain de ceci : La Compagnie du Gaz et Eaux de Paris fera encore des bénéfices énormes, surtout si elle développe, ce qui est si facile, les applications du gaz au chauffage et à la cuisine. Que nos conseillers consultent le nouveau projet signé par M. Alphand et M. Camus, directeur du Gaz à Paris ; et, puisqu’ils ne veulent pas de la gestion directe (ce qui est un tort), qu’ils adoptent au moins un mode de convention semblable à celui qui rapporte à la ville de Paris 21 millions de francs par an, ce qui ferait une somme de 350,000 fr. pour Bourges en restant dans la proportion des deux populations. Dans tous les cas, nous rappelons que deux conditions indispensables s’imposent au cahier des charges : 1° Un Laboratoire de contrôle et d’essai du pouvoir éclairant du gaz à la Mairie même; 2° Le droit constant pour la Ville d’examiner les livres de la Compagnie fermière, de soi te que si les bénéfices dépassaient 15 pour cent, par exemple, du capital engagé, il y eût possibilité de diminuer le prix du gaz ou, du moins, partage des bénéfices avec la Ville. Aucune Société fermière ne peut trouver à redire à cette clause : C’est la conséquence même du monopole qu’on lui octroie, puisque la concurrence ne peut faire baisser les prix. Enfin, si nous avions admis, dans le cas de la gestion directe, le prix de 0.28 c. par mètre cube, prix élevé, mais où les consommateurs du gaz regagnaient comme contribuables ce qu’ils pouvaient trouver d’un peu forcé dans ce chiffre, nous pensons que, dans le cas d’une Compagnie fermière à annuité fixe, le taux de 0,25 c. est assez élevé ; et nous savons que nombre d’électeurs pensent comme nous. En résumé, nous disons ceci à notre municipalité : Fort heureusement, et un peu malgré vous, la Question du Gaz n’a pas eu, en mai 1890, la solution si pressée avec laquelle vous vouliez l’étrangler. . Rien ne presse encore, étudiez la question que vous connaissez mal ; voyez ce qui se lait ailleurs, notamment à Paris, et laites votre devoir d’administrateurs, si vous ne voulez pas, comme le disait Clémeuceau dans un discours célèbre, que le public ne fasse le sien... à vos dépens....
À propos
Le journal La Démocratie du Cher est la déclinaison locale d'un journal lancé en 1880 à Montluçon sous le titre La Démocratie bourbonnaise. Le journal est rénommé La Démocratie du Centre en juin 1881. Dans le Cher, le journal La Démocratie du Cher remplace ce même journal en octobre 1881. Il devient La Démocratie en 1894 puis disparaît en 1896.
En savoir plus Données de classification - alphand
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- algérie
- gaz et eaux
- gaz