Extrait du journal
Bourges, le 14 septembre 1891. Le petit commerce des pèlerinages français n’est pas, cet été, aussi flo rissant que de coutume. On se plaint beaucoup, à Lourdes et autres lieux sacrés, du déficit par lequel se soldera la présente saison, comparativement à celles qui l’ont précédée. Pour em ployer le style des bulletins com merciaux, les eaux miraculeuses sont lourdes — n’allez pas croire que ce soit un mot ! — les médailles se tiennent difficilement, et les chape lets sont dans le marasme. C’est à la concurrence allemande qu’il faut attribuer cette crise, qui sévit si cruellement sur le pieux né goce. L’exposition de la Sainte-Tunique, à Trêves, attire, en effet, la plus grosse partie de la clientèle dévote. Des milliers et des milliers de croyants affluent en cette ville fortunée, pour baiser avec ferveur un morceau d’étoffe en poils de chameau, parce que des évêques, émules de Barnum, affirment qu’il a été tissé par la Vierge et porté par le Christ. Le clergé allemand a su organiser cette exhibition avec un art qui fait le plus grand honneur à son génie commercial. Il a d’abord gardé pour lui le monopole de la vente des cha pelets, crucifix, images et médailles rappelant la Sainte-Tunique. Le fait est attesté par un correspon dant de la Liberté, — qui n’est pourtant pas une feuille anticléricale, — lequel a lu, dans les vitrines de plusieurs maisons d’objets religieux, l’inscription suivante : Liquidation par suite de la concurrence du clergé. Mais il y a mieux. Tous les établis sements appartenant au clergé de Trêves ont été transformés en au berges et en cafés. De sorte que la vente de la bière et de la choucroute vient ajouter d’énormes profits à ceux que procure déjà l’étoffe en poils de chameau. Les aubergistes de la ville ont même tenu, sans résultat d’ailleurs, un meeting d’indignation, pour pro tester contre cette concurrence dé loyale. Le spectacle qu’offrent ces abbés et ces diacres, en se faisant serveurs de bocks et marchands de saucisses, est bien fin de siècle. Cela fait penser...
À propos
Le journal La Démocratie du Cher est la déclinaison locale d'un journal lancé en 1880 à Montluçon sous le titre La Démocratie bourbonnaise. Le journal est rénommé La Démocratie du Centre en juin 1881. Dans le Cher, le journal La Démocratie du Cher remplace ce même journal en octobre 1881. Il devient La Démocratie en 1894 puis disparaît en 1896.
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