Extrait du journal

Bourges, le 15 septembre 1891. Depuis que les partisans des vieux partis ont acquis la conviction qu’ils n’ont plus rien à attendre de leurs prétendants, ils ne parlent que de leur respect pour la Constitution ré publicaine et de leur désir de vivre en bonne intelligence avec le régime existant : Embrassons-nous, oublions le passé, Et soyons irères. Ainsi chantent, depuis quelque temps, les feuilles réactionnaires de toutes les nuances, avec un accord qui serait touchant s’il n’était ridi cule. Ah ! ce n’était pas de cette sorte que s’exprimaient les organes de l’opposition, nous ne dirons pas il y a quelques années, mais seulement il y a quelques mois. Qui ne se souvient des attaques ardentes et des calomnies éhontées qu’ils débitaient chaque jour contre la République pendant la pé riode électorale de 1889 ? A cette époque, ils ne parlaient rien moins que d’étrangler « la gueuse » et de relever le trône. A les en croire, ils combattaient le bon combat, sous l’égide du boulangisme, et c’était faire acte patriotique que de courir sus à la République et aux républicains. Aujourd’hui, c’est une autre gui tare. Ces honnêtes réactionnaires com mencent à trouver que le régime ré publicain a du bon et peut être accepté par eux à la condition qu’on les laisse pénétrer librement dans la place sans condition aucune et qu’on leur confie les emplois. Voilà comment ils entendent adhé rer à la République. Une pareille adhésion n’est pas difficile à réaliser et doit peu.coûter à leur conscience, car elle ne les oblige pas à renier leur passé et à brûler ce qu’ils ont adoré. Que disons-nous? renier leur passé ! abandonner leurs espérances 1 Mais en entrant dans la République, ils entendent conserver intacte leur foi monarchique et rester fidèles à leurs prétendants. Sans doute, ils se garderont bien d’afficher des convictions par trop réaction naires, mais ils ne considéreront le régime républicain que comme un pis-aller, une pierre d’attente. La vérité est qu’ils se proposent de...