Extrait du journal

On commence à se préoccuper dès maintenant du choix qui sera fait pour la présidence de la nouvelle Chambre. Plusieurs noms sont mis en avant. On cite comme devant être candidats à ces liantes fonctions MM. Charles Floquet, Henri Brisson, Léon Say et d’autres noms marquants. Il importe de dire que ces désignations sont au moins pré maturées ; les uns, tels que MM. Flo quet et Brisson, n’ont pas fait acte de candidats ; d’autres, tels que M. Léon Say ne songent même pas à se porter, et, suivant toutes les probables, ne seront pas candidats. Il est très probable que la majorité républicaine de la nouvelle Chambre se réunira, au moment voulu, en réunion plénière, en dehors de la minorité réac tionnaire, et que là elle choisira libre ment le candidat unique à la présidence. Et nul doute qu’après cette désignation tous les républicains ne votent avec discipline pour ce candidat, de façon à déjouer les manœuvres de l’opposition réactionnaire. 11 convient, d’ailleurs.de faire remar quer que l’obligation de nommer son président définitif ne s’imposera pas à la Chambre dès le premier jour de la session. En effet, la Chambre nouvelle devra sc constituer tout d’abord, c’està-dire vérifier les pouvoirs de ses mem bres. D’après une tradition constante, la Chambre est considérée comme cons tituée lorsque les pouvoirs de la moitié, plus un, de ses membres sont validés. C’est à-dire, dans le cas présent, lors qu’on aura prononcé la validation de 289 membres. Il faudra certainement trois ou quatre séances au moins pour atteindre ce résultat, même en supposant qu’il n’y ait aucune contestation pour ces 289 élections. Les vérifications de pou voirs sont, en effet, plus longues au scrutin uninominal qu’au scrutin de liste. Elles se font individuellement, il faut un rapport et un vote spécial pour chaque élection, tandis qu’au scrutin de liste on vérifie en bloc les élections d’un même département. Ce délai de trois ou quatre jours sera mis à profit par les républicains pour échanger leurs impressions, établir les bases d'un accord en vue du choix des membres du bureau définitif et enfin consacrer cet accord dans une réunion plénière. On se présentera ainsi au scrutin avec des résolutions arrêtées d’avance et, en ne livrant rien au hasard des compétitions, on évitera que la droite devienne l’arbitre de la situation. En attendant l'élection du bureau définitif, les séances seront présidées, suivant l’usage, par un bureau provi soire formé par le doyen d’âge de la Chambre comme président, et les six plus jeunes membres comme secré taires. A première vue, et sous réserve de vérification ultérieure, il paraît que le doyen d’àge de la nouvelle Chambre sera le môme que celui de la dernière Chambre, l’honorable M. Pierre Blanc, député républicain de la Savoie, qui est âgé de quatre-vingt-trois ans....