Extrait du journal

Quelques Reformes NÉCESSAIRES Bourges, le 16 octobre 1880. On s’évertue, à droite comme à gaucho, à deviner ce que sera la nouvelle Chambre, quelles seront ses tendances, si la majorité se montrera plus unie et plus fermement résolue A s’occuper des questions d’affaires et à laisser de côté les débats qui sont inspirés le plus souvent par l’esprit de coterie et par l’ambition de quel ques personnalités remuantes qui aspirent à arriver nu pouvoir. Toutes les prévisions auxquelles on se livre à ce propos ne reposent sur aucune donnée certaine et par con séquent sont purement fantaisistes. Ce qui est certain, c’est que, comme nous le disions hier, les élections du 22 septembre et du 6 octobre ont eu pour résultat d’infuser à la Chambre un sang nouveau, nous voulons dire d’y faire entrer de nouveaux éléments qui auront nécessairement pour con séquence de modifier son caractère, son esprit et ses tendances. De là à prétendre, comme le font certains de nos confrères, que les habitudes parlementaires seront abso lument transformées et que l’on verra disparaître tous les abus dont la Chambre précédente a donné le triste spectacle, il y a loin. Il faut voir les nouveaux législa teurs à l’œuvre, pour les juger. Mais on peut néanmoins formuler dès maintenant un certain nombre de desiderata ; on peut signaler des réformes qui s’imposent parce qu’elles sont réclamées depuis longtemps par l’opinion publique. Parmi ces réformes, il convient — n’eu déplaise au Messayer — de citer plusieurs moditications importantes qu’il y a lieu d’introduire dans le règlement de la Chambre. On se rappelle encore avec une amère tristesse l’abus que la réaction a fait, durant la precedente législa ture, dudroit d’interpellation. Le parti du « boucan » ne laissait pas passer une semaine sans se livrer à des scènes tapageuses, sous le prétexte spécieux d’interpeller les ministres sur les actes les plus insignifiants de eur gestion politique. Le but de ces interpellations inuti les était de déconsidérer le régime républicain, d’empêcher les discus sions sérieuses, de mettre la Chambre dans l’impossibilité de mener à bonne fin les réformes urgentes réclamées par l’opinion publique....