Extrait du journal

LES MECONTENTS Bourges, le 28 mai 1891. Les partisans de la vieille chinoise rie connue sous le nom de conjonction des centres ne peuvent, parait-il, se consoler de voir que leur projet a été repoussé aussi bien par les intransi geants de la Droite que par les répu blicains. « Les uns et les autres, disent-ils, désirent la continuation de la guerre entre les conservateurs et la majorité, et c’est pour cette raison qu’ils re poussent une mesure d’apaisement qui serait avantageuse pour le pays. » Voilà, comment ces « honnêtes gens » expliquent l’échec de leur combinaison. Hâtons-nous de dire qu’ils se trompent et que ce n’est pas le désir de voir continuer la guerre des partis qui a poussé les républicains à rejeter leurs avances. Les amis de M. Piou semblent avoir oublié qu’ils avaient mis certaines conditions à leur évolution vers la Gauche, et que ces conditions étaient de telle nature qu’il était impossible à des républicains même des plus mo dérés de les accepter. Leur appartenait-il bien à eux, les vaincus de la veille, de parler en maîtres, de dire aux républicains : faites-nous telles et telles concessions, abrogez telles et telles lois qui nous gênent ou qui nous déplaisent et nous vous ferons la gracieuseté de nous rallier à la République pour en deve nir les favoris et les maîtres. Pouvait-on accepter de pareilles conditions ? C’eût été jouer le rôle de dupes. Les promoteurs de l’entreprise expriment aujourd’hui leur mécon tentement en des termes qui prouvent combien est grande leur déception et quelles espérances ils fondaient sur la réalisation de leur projet. Ils voyaient, en effet, dans cette manœuvre renouvelée des Grecs, un moyen de pénétrer dans la j^lace, de constituer un groupe nombreux de politiciens incolores et hésitants, prêts à toutes les trahisons comme le fameux groupe Target, qui amena la chute de M. T hiers au vingt-quatre mai et fit passer le pouvoir aux mains de la réaction. C’était évidemment le jeu que se...