Extrait du journal
ronronnent dans les terres, tout là-bas. Point de cheminées d’usines, mais bien des « poupes » élancés. Ni ferraille qu’on agite, ni grelottement des chevaux aux colliers de bois chargés de toisons bleues. Pas de mugissement d’auto rapide, pas de m braillement de moto puante et du chemin de fer vulgaire pas la moindre fumée ! Et cependant, une fumée quasi bleuâ tre monte de la cheminée du moulin silencieux — et c’est dans une salle basse, devant la table de chêne épais qu’attend dans l’écuelle de terre la bonne soupe aux choux et au lard ! C’est là qu’on mange bien ! C’est là qu’on dort bien ! Ah ! oubliée la fausse « recti tude » des villes, délaissée la mode, brisé le pacte avec le décorum ! On reprend ses grosses godasses ou bien l’on chausse des sabots et vous voilà parti, un bâton à la main. Redevenir vraiment humain, c’est-à-dire naturel, n’est-ce pas comme une sorte de gloire à notre époque du trop plein des « mastuv-is » et des hypo crisies, que d’aller dans les chemins dé serts d’une campagne ignorée retrouvev, en cette solitude la foule de sc; pen sées ? Peut-on penser au milieu des huiles, des fourneaux, des mécaniques et de tout le bazar des contingences moder nes ? Oui, sans doute, mais la pensée est-elle bien alors toute « personnelle > ? On peut en douter. Dans le coin rêvé, au contraire, silencieuse campagne, on sait regarder les fleurs, les herbes, les oi seaux, les arbres et l’on respire un air si pur ! Le Tourisme dans les plus étranges pays du monde est vraiment un très beau « sport ». Mais il est inutile d’aller au centre de l’Asie pour faire du tou risme. Faire du tourisme dans le coin rêvé, aux rives prochaines, voilà ce qui en chante les vrais amis de la vraie nature. Et quel sport ferez-vous alors, quel moyen de transport aussi emploierezvous ? La marche sera le sport et le moyen de transport. Marcher, mais c’est la raison même de l’homme. Marcher la tête haute dans le matin plein d’égail ou dans le soir odo rant, n’est-ce point avancer vers un idéal tout humain, celui de la liberté ? Etre libre de tout souci — pour un moment, hélas ! — et libre de tout le fatras de la vie coutumière, vivre cette liberté dans un petit coin de campagne, le long d’un ruisseau et casser la croûte du bon pain d’autrefois accompagné d’un fromage de chèvre et de rillettes chevelues, le tout arrosé de vin gris, à l’ombre du moulin qui ne marche plus, n’est-ce point trouver ce port sûr et tranquille dont a parlé Horace, le grand poète latin? Pourquoi demander plus... et n’est-ce pas là presque tout ce qu’il faut au coin rêvé... pour quelques jours, aux approches de l’hiver qui vient en vous ? J.-M. Rougé. o Réponses recueillies par Raoul TOSCAN. (A suivre)....
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
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