Extrait du journal
M. Herriot poursuit : — Nous sommes les descendants des Ja cobins. de ceux qui ont lutté lorsque de l'étranger on voulait donner assaut à leur liberté naissante. Je ne suis pas très fier de penser que nous avons pris la politique des émigrés, lorsque les peuples que j’ai vus, de la façon dont il leur plait, ont essayé de changer leur régime. Ce régime, pouvons-nous le souhaiter, nous? Mais voyons, il* n’est pas plus question de donner à la France le régime de la Russie actuelle, que de donner à la Russie le régime de la France. Ni les temps, ni les espaces ne sont les mêmes. -- Je disais, à l'un de ceux qui me rece vaient là-bas : Nous sommes peut-être des révolutionnaires vieillots, mais nous sommes les plus vieux révolutionnaires: nous avons fait 1789, nous avons fait 1830. nous avons fait 1848, nous avons chassé l'Empire. On nous propose un retour à la dictature. Je ne veux pas m’en fâcher, j'aime mieux en rire. On pt étend que l’on rallie en ce mo ment certains républicains à ces conceptions nouvelles. Je dis nettement que ceux-là n'ont jamais été républicains, et ceux d’entre nous qui. étant jeunes, ont connu le boulangisme et plus tard une grande tragédie juridique, ne sont pas prêts à s'émouvoir de conspira tions de salon auxquelles il convient de ré server. dans les temps qui vont suivre, une part pour les distractions mondaines, entre les mots croisés et les parties de billards japonais. Nous sommes libres, nous voulons rester libres. La situation des peuples de Russie n'était pas la même que la nôtre. Songez 1860, les paysans de Russie étaient encore juridiquement des esclaves. Notez qu’en 1905, ce qu'on leur a donné, c’était l'apparence d'une liberté. Ne comparons pas des régimes. A chacun le sien. Et puis, il y a un problème des es paces. Mais je vous le demande, d’abord, nàtonenous pas assez proclamé que c’était le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes. Chaque peuple a le droit de se donner la politique intérieure qui lui convient. Et nous ne de vons pas plus avoir l'intention de mécon naître ce droit, que de laisser transgresser le nôtre. Une politique de réalités — Une fois de plus, je songe à la paix. Quand je dis à mes amis parlementaires, quand je dis aux républicains, ne nous brouil lons pas avec les Etats-Unis, avec les démo crates des Etats-Unis qui auront à dire leur mot dans les grands conflits. Est-ce que je ne puis pas dire de même, quand il s’agit de 140 millions d’habitants, nombre qui s’accroît chaque année de 4 millions, prenant ainsi, en dix ans, une population égale à celle de la France ? Eh bien ! je vous le demande, celui-là serait-il digne du nom d’homme pu blic, serait-il vraiment un pacifique qui croi rait qu’on peut équilibrer l’Europe et le monde: tans tenir compte à la fois des EtatsUnis et de ce peuple d’environ 150 millions d'habitants ? L’effort de ce peuple, ce n’est pas le moment de le décrire : j? vous mets en garde seulement contre les légendes qui ont la même origine que les calomnies dont je parlais tout à l’heure. Quand on soutient que l’Ukraine, que j’ai parcourue est dévastée par la famine et en meme temps qu’on s’offre à la coloniser — et on le sait bien là-bas — je réponds : j’ai vu ce peuple; il fait un formidable effort; il s'in dustrialise; il a pris la : cieuce pour loi; il a rendu l’instruction obligatoire. J’ai vu un peu ple qui, sur l’un de ses grands fleuves, a cons truit une usine hydro-électrique extrêmement puissants la deuxième du monde. Et puisque ce peuple demande à se rapprocher de la France, puisque j’ai entendu là-bas les paroles les plus conciliantes — et pour notre pays, les plus amicales, — je vous le demande, mon de voir de Français, de républicain et de pacifiste n’ctait-il pas de me réjouir de ces propos, peut-être un peu nouveaux et d’être heureux de certains événements. On m’a reproché d’avoir dit : je porterai vos paroles amicales au peuple de France, et je suis sûr qu’il sera touche. Aujou~i’hui, pour la première fois je suis devant ce peuple de France. Je lui dis : n’etes-vous pas heureux que pour la paix, pour vos familles, pour vos enfants, nous essayions la possibilité de nous entendre avec un grand peuple qui a déjà su faire sa paix avec la Pologne ? Je ne doute pas qu" votre opinion soit con forme à la mienne. La République française veut la paix. Elle tend la main à tous les peu ples qui, avec elle, veulent la paix dans le respect de la liberté. C'est là l’essentiel de ce que l’orateur avait à dire. Ses conclusions seront nettes : — Tout à l'heure, parlant de l'ordre in térieur, je disais à tous ceux qui sont ici : unissez-vous entre démocrates: ne croyez pas que les droites vous pardonneront jamais vos succès. Elles chercheront à vous diviser. C’est...
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
En savoir plus Données de classification - herriot
- brun
- nozières
- chatot
- lanoire
- albert lebrun
- sirot
- ravé
- paul ravé
- dalimier
- france
- russie
- blanc
- rambouillet
- reims
- verdun
- indre
- bourges
- paris
- cher
- la république
- parti radical
- une république
- mouvement socialiste
- parlement
- n. r. a.
- sénat
- schlumberger
- parti radical-socialiste
- république française