Extrait du journal

Cependant, le second corps, commandé par le colonel Bertrand, s'est mis en route, dans le nord, vers la frontière marocaine. Là est le plus grand danger. Car, pour barrer la route aux assaillants, il faut se porter jusqu'à Igli, véritable clef de la porte du Maroc sur le Touat. Igli se trouve, non plus dans le prolongement direct de notre frontière, mais au-dessous du Maroc. C'est ce qui fait même l'importance de la position : elle est en quelque sorte le maître clou extérieur de notre serrure. Les Marocains nous laisseront-ils approcher ? Nous opposeront-ils soit des forces régulières, soit des bandes armées? Aussi nous avons pris nos précautions ; la colonne Bertrand ne comprend pas moins de 1,775 hommes et j5 officiers, avec de l'artilerie de montagne, avec 162 chevaux, 193 mulets, 379 chameaux. La marche n'a pas duré moins de onze jours, souvent fort pénibles. Le rapport officiel dit qu'il a fallu rationner l'eau : « Néanmoins, ajoute-t-il, l'état sanitaire est excellent; les troupes ontj montré une très grande endurance et un dévouement remarquable. » Ce train accéléré a-t-il déconcerté les Marocains ? L'apparition de forces supérieures les a-t-elle calmés ? Tant est que la colonne Bertrand a occupé sans coup férir Igli, c'està-dire le point où se serait livrée la bataille, s'il avait dû s'en livrer une....