Extrait du journal
et ce bien, que nous devons à nos sept ministres, nous empêchera d’en dire du mal; car eux seuls en France étaient peut-être assez aveuglément ennemis de nos libertés pour en généraliser l’amour et le besoin dans toutes nos villes, dans nos villages et dans nos hameaux. Le mal est au ministère ; mais si nos hommes mi nistres restent au pouvoir, la liberté, qu’ils insulteront, qu’ils tenteront d’enchaîner, qu’ils mutileront peut-être , la liberté grandira dans cette lutte ; le nombre de ses amis grossira chaque jour, et lorsqu’enfin notre éducation poli tique sera universellement terminée, ce qui ne peut durer long-temps, nos sept ministres ne tomberont pas seuls ; ils entraîneront dans leur chute tout système offensif, la pos sibilité future de fonder un gouvernementsur la corruption, la nécessité de rompre toute alliance avec les torys, et de gouverner dans le seul intérêt de la liberté : la réaction alors sera d’autant plus complète qu’elle aura été plus tardive et que l’action sera plus oppressive. Alors nos ministres plébéiens auront rendu un grand service à la démocratie ; a force d’avoir compromis le sacerdoce et l’aristocratie, ils auront placé l’un et l’autre dans l’impossibilité du par venir d’un siècle au pouvoir, et il ne restera que la royauté, la pairie, la magistrature et la nation. Encore un miracle ! On en imprimera tant et tant, avec approbation et privilège, que la crédulité même finira par douter, et que le mensonge portera un coup funeste à la vérité. Un pieux curé trouve dans la nuit un vieillard vénérable âgé de quatre-vingt-quinze ans. Où l’a-t-on trouvé ? je l’i gnore. Comment a-t-on su son âge ? je n en sais rien. « Pour quoi êtes-vous si tard en chemin ?» dit le curé. « Personne n’a voulu me recevoir, » répond le vieillard. Là-dessus le prêtre lui donne à souper, et lui demande son nom et son pays. « Je suis de Bethléem, dit le vieillard ; de la tribu de Jiula, et mon nom est Emmanuel. » Et le curé, qui devine l’âge des gens, ne comprend pas ces paroles si claires, et il se borne à demander si la misère est grande dans les pays qu’a parcourus le vieillard ; celui-ci répond : « Partout de même; de quelque côté qu’on tourne ses pas, ce n’est que crime et horreur ; les pères cl mères sont méprisés de leurs propres enfans; on tourne en ridicule les ministres de J. C., ce qui attire sur nous les vengeances du Seigneur, soit par les grêles, inondations, mortalité sur les hommes, femmes et autres , comme sur les animaux. Cependant je vous annonce dix années de récoltes abondantes et l'ouverture d’un bril lant commerce. » Ayant ainsi parlé, le vieillard disparut dans un éclair, et l’on ne trouva à sa place qu’une lettre in titulée : Le clsemin d’un vrai chrétien. Vous sentez fort bien qu’on a dû s’empresser d’imprimer ce miracle dans une Instruction dédiée à la jeunesse-tomme aux grandes personnes. Je ne sais comment on 11e s’est pas aperçu qu’il était bien gauche de confier le récit des visioi s et des prédictions à des hommes qui ne savent pas leur langue, et qu’après le miracle de revenir de l’autre monde',...
À propos
D’abord bihebdomadaire, puis hebdomadaire, La France chrétienne était un journal catholique connu pour sa réticence vis-à-vis du libéralisme. Ses rédacteurs y soutenaient les moines jésuites et s’opposaient de manière plus ou moins féroces aux idées révolutionnaires. Lancé en 1821, le journal n’aura qu’une durée de vie limitée ; il s’éteint en 1828.
En savoir plus Données de classification - canning
- france
- bethléem
- paris
- artois