Extrait du journal

On nous écrit de Versailles, le 1er août : Le Journal officiel doit vous faire con naître aujourd’hui les nombreuses diffi cultés que la justice militaire a à résoudre dans l’instruction des détenus, et qui ont occasionné des ajournements successifs dans l’ouverture des débats judiciaires. Cette note n’a rien que d’exact, ainsi je pourrais citer entre autres cette circon stance : Les insurgés s’abstenaient, en général, de faire connaître leur véritable nom, et l’autorité a été ainsi forcée de multiplier les enquêtes, pour arriver à la vérité. L’ouverture des conseils de guerre est d’ailleurs fixée irrévocablement au lundi 7 août. L’avocat chargé de la défense de Rastoul, doit invoquer, nous dit-on, un fait assez remarquable en faveur de son client : Lorsque l’armée de Versailles entrait à Paris, Rastoul, jugeant la cause de la Commune perdue, courut à l'Hôtel-deYille et y convoqua ses collègues. Seize membres de la Commune répondirent à son appel. Rastoul leur déclara alors qu’il était prêt à donner sa vie pour les fédérés qu’il avait entraînés dans l’insurrection, et que tous ceux qui, comme lui, avaient poussé le peuple à la résistance, devaient en ce moment arrêter l’effusion du sang : «Ceignons notre écharpe rouge,s’écria-t-il, déposons les armes et allons nous offrir comme prisonniers, sans conditions, à l’armée de Versailles, en échange des fé dérés vaincus ! » Mais cet appel resta sans écho parmi les membres de la Commune, et ils quittèrent rilôtel de Ville après en avoir ordonné l'incendie....