Extrait du journal
les parties du front, afin d’en rap porter des observations d’ensemble, et alors ils n’avaient pas besoin de quitter Paris pour être renseignés. A moins d’avouer que la Chambre, en votant cet ordre du jour, ne s’est pas rendu un compte exact de sa portée, il est à présumer qu’elle a voulu, par ses délégués, être présente aux armées et entrer, comme on l’a dit, dans la guerre... C’est une con ception qui a bien sa valeur, mais c’est une conception toute nouvelle. Il ne peut plus être question ici d’une Commission d’enquête, qui peut pro longer ses travaux, mais qui ne peut pas siéger indéfiniment, ni d’une' inspection plus ou moins prolongée des services du front, que l’on peut connaître dans un délai limité. Il s’agit bien de commissaires civils aux armées, dont la présence en permanence affirmera la volonté du Parlement de surveiller sans répit la conduite de la guerre. Je sais bien que les délégués ne s’immisceront ni dans la concep tion des plans militaires ni dans leur exécution. Ils se borneront, affirme l’ordre du jour, à constater que toutes les mesures de prévoyance ont été prises pour la défensive ou pour l’offensive. Je crois bien qu’il y a là des dis tinctions un peu difficiles à faire. Tout se tient dans la conduite de la guerre et je ne vois pas très bien comment les mesures de prévoyance dont on a parlé pourraient être séparées de la conception des plans militaires. Mais il faut être franc et hardi. Les délégués ou commissaires per manents entendent, par leur pré sence même, exercer sur le comman-« dement et sur l’armée elle-même une influence morale fondée sur la souveraineté nationale. Ils veulent être les représentants suprêmes de la Nation, présente dans leurs personnes au milieu de ses armées... * * * Si la Chambre fait sienne cette conception, et c’est la seule qui puisse justifier cette innovation, de quelle autorité redoutable va-t-elle investir ses élus ? Combien en trou vera-t-on, vraiment conscients d’une aussi grave responsabilité, pour bri guer le suffrage de la Chambre et assumer une tâche qui doit faire trembler les plus intrépides ? Je ne crois pas, en tout cas, qu’un ordre du jour ou un simple projet de résolution puisse régler la question. Comment le Sénat pourrait-il être écarté d’un si important débat ? Comment pourrait-on se passer de son adhésion ? Il est aussi, dans quelque mesure, l’« expression de la souveraineté nationale ». Le voici qui se réunit en Comité secret. Il est probable qu’il votera, lui aussi, un ordre du jour. S’il réclame une délégation directe, n’en a-t-il pas le droit ? Y aura-t-il donc deux délégations ou une délégation mixte ? Chaque Assemblée réglera-telle les modalités de son action ou n’est-il pas préférable qu’un texte délibéré par les deux Chambres donne à l’organisation une autorité légale ? La question vaut la peine d’être posée. L. LAFFERRE, Député de l'Hérault....
À propos
Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.
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