Extrait du journal

Dès le lendemain de 1830, elle y écoule le trop plein des survivais de la barricade. Les repris, les libérés, l’émeute sans aveu, tout ce peuple de brasons, encore fumant du sang de l’armée fidèle, encore haletant du bris des freins les plus sacrés, voilà les premiers représentai de la colonisation française en Afrique. Ceux-là que la mère-patrie repousse de son sein comme une peste et comme un fléau ont mission d’aller faire connaître et considérer le nom français chez un peuple conquis! Première faute et faute grave. Si la révolution, effrayée elle-même, de ses propresartisans, n’eût pas placé les nécessités de sa position au-dessus des intérêts bien entendus de la conquête royale, elle aurait compris qu il importait de donner tout d’abord à l’Algérie une grande et noble idée du caractère français ; elle lui eût caché sa lèpre au lieu de la lui inoculer. Mais le mal que nous signalons alla plus loin encore. De toutes les parties de l'Europe affluèrent sur le sol africain la lie et la sentie des populations ; les deux péninsules hispanique et italienne y jetèrent les éléments viciés de leurs cités; le gouvernement anglais, dont la lactique perfide est habile à exploiter tous les moyens de ruine contre son éternelle rivale, lâcha aussitôt sur Alger tous les vagabonds, tous les gens sans aveu qui infestaient ses colonies de Gibraltar, de Malte et de Corfou; enfin, faut-il le dire, pour compléter dignement ce triste tableau, la première peut-être des institutions de notre civilisation corrompue que connut Alger, fut une maison de prostituées....