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La France, 11 décembre 1911

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La France
11 décembre 1911


Extrait du journal

entretenues alors que les déceptions s’accumulent. L’attitude des étalistes impénitents ne peut s’expliquer que par deux rai sons, dont la meilleure ne vaut rien : Ou bien ils craignent de faire souf frir leur amour-propre en avouant qu’ils se sont trompés ou qu’ils ont prématurément annoncé le succès de leur doctrine ; Ou bien ils redoutent le jugement de leurs commettants, auxquels ils ont représenté, dans un programme trop vite et trop bien rempli, le rachat des chemins de fer et l’établissement de nouveaux monopoles comme une sour ce intarissable de revenus appelée à diminuer la charge de l'impôt. Sont-ce là des motifs déterminants pour avancer davantage dans une voie que les esprits impartiaux jugent pé rilleuse à plus d’un titre ? C’est d’un esprit complètement libre qu’il convient d’envisager un projet aussi important, et dont les répercus sions seront nécessairement graves, que le rachat des chemins de fer ; le souci de ne rien faire qui soit préju diciable au public et aux finances pu bliques doit l’emporter sur le désir d’assister au triomphe de doctrines auxquelles leurs adeptes ont donné leur adhésion d’une manière parfois un peu hâtive et inconsidérée. Com ment ! nous serions diminués pour avoir eu la franchise de dire que, tout en demeurant attachés à une idée, nous pensons — car il ne s’agit pas d’autre chose — qu’il y a danger à l’appliquer immédiatement? S’il fallait en arriver là, autant vaudrait renoncer à toute discussion et à convaincre les gens qui ne partagent pas notre avis; les arti cles des programmes électoraux ne se raient plus alors que des articles de foi. L’engagement pris devant le corps électoral relativement à une réforme de l’ordre de celle dont nous parlons n’a que la valeur d’une indication, il est l’affirmation que l’élu s’efforcera de faire aboutir la réforme dans le sens indiqué, il ne saurait lui enlever son libre arbitre et l’empêcher, mieux in formé, éclairé par l’expérience, de ne pas en poursuivre, encore moins d'en ajourner la réalisation. L’essentiel est que ce changement d’attitude ne puisse être attribué à des mobiles intéressés. Mais il n’est pas un citoyen, vraiment digne de ce nom, qui, appréciant en toute indépendance les actes du repré sentant qu’il a investi de sa confiance, lui fera grief d’être redevenu, unique ment pour le bien du pays, sur ce qu’il avait, tout d’abord, cru être la vérité. Aussi est-il permis de s’étonner et de s’affliger en voyant que les parti sans du rachat ne veulent pas se ré soudre à attendre des jours meilleurs pour tenter une nouvelle expérience qui, à l’heure présente, pourrait bien prendre les proportions d’une catas trophe. RAOUL PERET, Député. ÉCHOS...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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