PRÉCÉDENT

La France, 12 septembre 1883

SUIVANT

URL invalide

La France
12 septembre 1883


Extrait du journal

Il ne se passe guère de semaine sans que les journaux publient une note sur la question du cumul, et cela depuis huit ans, c’est-à-dire depuis la promul gation do la constitution do 1875. On s’aperçut dès cette époque que les trois lois organiques qui nous servent de tri— ni té constitutionnelle s’emboîtent mal les unes dans les autres, qu’elles se con tredisent, qu’elles se heurtent, qu’elles grincent de se rencontrer ensemble. C’est ainsi que les constituants de 1875 ont fait aux sénateurs des avantages qu’ils ont refusés aux députés. Le sénateur, en sa qualité d’homme grave ayant dépassé la quarantaine, peut cumuler à son aise tous les emplois dont le gouvernement veut bien l’honorer ; il peut être ambassadeur, administrateur, professeur, inspecteur, procureur, ingé nieur, gouverneur do n’importe quoi, général en chef et même juge de paix, et, chose grave, en même temps qu’il porte tous ces titres, il peut toucher tous les émoluments attachés à celles de ces fonctions qu’il est censé remplir. Un sénateur ainsi doté peut se faire une trentaine de mille francs, tout comme un bon sénateur de l’empire. On sait quelles fées bienveillantes et partiales ont présidé à la naissance du Sénat ; à droite comme à gauche on éten dit des palmes au-dessus de son berceau. On a accueilli ce nouveau-né comme un enfant du miracle ; et chacun lui adressa de nombreux ex-voto dans l’espoir de figurer sur la liste des 75 inamovibles. On comptait bien qu’étant la Chambre de toutes les grâces, il deviendrait la Chambre de toutes les faveurs. L’événement n’a pas démenti ce pro nostic et l’a même dépassé, si bien qu’aujourd’hui l’opinion préparée par un exa men réfléchi de tous cos privilèges pa raît décidée à y mettre un terme. Les dernières séances du Sénat ont plus particulièrement fait la lumière sur les abus que la complaisance des consti tuants de 1875 avait encouragés. On a...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

En savoir plus
Données de classification
  • waldeck
  • franco
  • tseng
  • lombard
  • pario
  • martel
  • i . obligation
  • john
  • baring
  • ribot
  • france
  • chine
  • londres
  • tonkin
  • angleterre
  • paris
  • nantes
  • berlin
  • hué
  • annam
  • sénat
  • crédit foncier
  • parlement
  • suez
  • cologne
  • s. a.
  • ims
  • isis
  • journal officiel
  • autour de nous