Extrait du journal

l’opinion de l’autre assemblée ? Je sais bien que certains prétendent qu’il n’y a rien dans l’ordre du jour du Sénat qui s’oppose formellement à la nomination de la délégation directe de la Chambre. C’est la première fois que j’entends inter préter la pensée d’une assemblée en tenant compte de ce qu’elle n’a pas dit. Je crois que ce qui compte dans un ordre du jour: c’est l’idée qui y est exprimée. Or, le Sénat affirme la collaboration du gouvernement avec les Chambres et les grandes commissions parlemen taires, dont le contrôle doit être permanent, et loin de demander de nouveaux orga nes de contrôle, ce sont des mesures d'organisation et faction qu’il réclame. Si la délégation directe aux armées est une de ces mesures, il ne s’agit plus de contrôle, mais d’organisation et d’action pour la victoire. Or, l’organi sation et l'action sont la prérogative du pouvoir exécutif. Si une délégation directe du Parlement doit être associée au pouvoir exécutif, il s’agit d’une fonction nouvelle et d’un organisme nouveau, essentiellement différent des organismes de contrôle. Le simple bon sens, la pure bonne foi indiquent qu’il ne peut pas y en avoir deux, agissant séparément et peut-être en sens contraire, et que, d’autre part, on ne peut pas exclure le Sénat d’une organisation qui, si elle est adoptée, doit faire corps avec le pouvoir exécutif et partager ses res ponsabilités. Cette copulation des éléments gou vernementaux et parlementaires, ce se rait vraiment le Comité de Salut public. Reste à savoir si les événements actuels exigent cette confusion des pouvoirs et cette redoutable innovation. Je me per mets d’en douter. L. LAFFERRE, Député de VHérault. ancien ministre....