Extrait du journal

Ainsi sous le rapport de l’observation et de la conception, voilà une des plus grandes époques de la monarchie espagnole et les trois plus grands caractères historiques de ce peuple dévot autant que belliqueux, réduits aux proportions d’une intrigue amoureuse delà plus ignoble espèce de la part du grand roi Philippe II, et de la plus puérile nature de la part de l’invincible héros à qui l’Espagne a été redevable de tant de glorieux triomphes. Passons encore par là-dessus . ce manque de tact, ou plutôt celle infidélité historique ne regarde que le proscenium de la pince, et l’auteur n’est, à la rigueur, comptable auprès de la critique que de sa conception sur la scène, et île 1 action théâtrale qu il expose au lever du rideau. Tant pis pour l’histoire si elle se trouve outragée; une bonne fable dramatique fait toujours absoudre son auteur auprès du public qu’il a su y attacher par un intérêt soutenu et bien développé. Par malheur, M. Casimir Delavigne n’est pas mieux partagé de ce côté: sauf cinq ou six coups de théâtre pi repaies es ç.à et là dans le cours de cette représentation , pour y Lire chaque fois comme une détonation de surprise sur l’esprit du spectateur, il est impossible assavoir au juste sur qui faire reposer l'intérêt principal de ce drame amphibie, moitié comique et moitié tragique ; comique jusqu’à la trivialité dans son enjouement, et tragique, jusqu’à la plus repoussante horreur, dans ses accès d’effroi. Des quatre premiers personnages qui y figurent, il n’y en a qu’un seul qui soutienne assez bien son caractère jusqu’à la fin ; c’est celui de la jeune juive, connue d’abord sous le nom de toua Florinde, et ensuite sous celui de Sara. . -...