Extrait du journal

J'écris ces lignes au moment où le cabinet de Londres; prépare ou plutôt met la dernière main à la réponse qu’il se propose de faire à la note allemande du 7 juin dernier. Comme tout le monde, en France, j'en prévois le sens général Avec force salamalecs, le cabinet britan nique s’éloignera un peu plus de la France peur se. rapprocher davantage de l’Allemagne. Le grand désir de l'Angle terre officielle, comme celui de ses hom mes d’affaires, est de nous faire sortir de la Ruhr. Maintes raisons tirées de l'économie politique et de la politique tout court leur rendant notre présence dans la Ruhr profondément désagréable. En second lieu, si l'Allemagne cédait à notre pression militaire, la France appa raîtrait sans contrepoids immédiat sur le continent européen, éventualité qui contrecarre la volonté continue de l’An gleterre de rester l’arbitre de la situation sur ce continent, afin d'en retirer les profits politiques aussi bien que les pro fits commerciaux. C’est toujours la même chanson : les affaires avant tout ! Justice, parole donnée verbalement ou par écrit passent après. J’ai montré, il y a quelques jours, par quelques cita tions du livre de l’amiral Consett, « Le Triomphe des forces non armées », com ment les Anglais, ou tout au moins cer tains Anglais, avaient pratiqué, en pleine guerre, un commerce fructueux mais déshonorant avec l’Allemagne. Voyons maintenant comment ils sa vent s’entendre à reprocher aux uns de faire ce qu’ils ne craignent pas de faire eux-mêmes. Dans la dernière déclaration du gouvernement anglais, M. Baldwin s'est écrié, en faisant une allusion non déguisée à notre occupation de la Ruhr : « L’occupation indéfinie par un pays du territoire d’un autre pays, en temps de paix, est un phénomène rare et regret table en soi, auquel il faut trouver une fin honorable le plus tôt possible. » Vraiment ? Mais alors, que les An glais, qui occupent indûment l’Egypte depuis quarante ans, commencent par nous donner l'exemple du désintéresse ment. Et puisqu’ils oublient si facilement l’histoire quand il s’agit d’eux, rappelons-la-leur en quelques mots, comme Va si bien fait Forest, dans Le Matin, il y a quelques jours. Ve,rs la fin du siècle dernier, le khé dive d’Egypte endetta formidablement ce pays, il finit par devoir deux mil...