Extrait du journal

table de ce mot fort élastique ; la politi que. Ils affirmaient ce principe : « Les conseils généraux ne sont pas des as semblées politiques ». En vertu de ce principe, ils défaisaient l'œuvre des as semblées départementales, dès que l’œuvre leur semblait marquée au coin de l’indépendance et de l’initiative. Un conseil général votait-il en faveur de l’instruction laïque, obligatoire, gratui te? le vœu était annulé comme politi que. Il ne fallait point crier : vive la République, encore moins rien faire pour elle. Mais les actes criaient : vive le roi ou ; vive l’empereur, et c’était bien! Les conseils généraux passaient ainsi leurs sessions à ne rien faire, au grand dommage des intérêts publics ou privés; ou, s’ils ne se résignaient pas au rôle inférieur qu’on leur voulait faire jouer, c’étaient entre eux et les préfets des luttes et des conflits qui arrêtaient la marche des affaires ; — après quoi le pouvoir central donnait toujours raison aux préfets et les décorait quelquefois. Ces temps bizarres sont passés ; aussi les défiances ont disparu, les inimitiés se sont évanouies. Le calme s’est fait; car il n’a point été difficile à nos assem blées départementales de s’entendre avec les agents d’un ministre qui substi tue, en matière de gouvernement, aux principes autoritaires d’autrefois, ce principe si grand et si fertile : Laissez faire, laissez dire. Que M. Buffet re garde : Voit-il aujourd’hui les conseils départementaux bataillant contre les préfets ? Son successeur sera-t-il obligé de faire annuler des délibérations et de suspendre des assemblées sorties du suffrage universel ? Rien de tout cela. Aussi une ardeur égale règne partout pour le bien public ; elle sera féconde, puisqu’elle n’est,point gênée dans son expansion. Ces excellents résultats sont la con séquence du système républicain loyale ment appliqué; ils en sont aussi le bé néfice. Nous avons donc le droit de dire que cette admirable tranquillité au mi lieu de laquelle débute la session d’août, que cette harmonie complète, qui régne entre les représentants du pouvoir central et les représentants des cantons, et étant l’œuvre de la Répu blique, est une victoire pour elle. Vic toire fructueuse, victoire utile, dont le peuple éprouvera immédiatement les bons effets ; car le conseiller général est plus rapproché des électeurs que le sénateur et le député. Outre cette victoiie toute morale, remportée par la République, il en est une autre, effective, éclatante, que per sonne ne peut discuter ni mettre en doute. Le renouvellement des bureaux a donné l’avantage aux républicains dans quarante-quatre conseils généraux; c’est un gain de neuf. On accusait jadis nos assemblées départementales d'être des foyers de réaction, d’être les bourgspourris des anciens partis. Peu à peu, progressivement, grâce à la situation nettement définie désormais et à la Ré publique consolidée, ils rompent avec leurs vieilles traditions et entrent dans le progrès. Que la marche soit lente, cela vaut peut-être mieux. Arriver est le principal. Les élus des cantons, parla raison que nous disions tout à l’heure, peuvent beaucoup pour aider l’idée ré publicaine à pénétrer dans les masses. Elle y pénètre aujourd’hui d’un pas continu, opiniâtre et sans secousses ; le...