PRÉCÉDENT

La France, 26 mars 1886

SUIVANT

URL invalide

La France
26 mars 1886


Extrait du journal

M. Jules Roche se porte décidément comme l’adversaire résolu du cabinet dans les questions financières. Dans une séance du groupe qui s’intitule l’Union des gauches, il a prononcé un discours qui est un véritable réquisitoire, et que reproduit la République française. Ce qui caractérise l'éloquence de M. Jules Roche, c’est que les chiffres, qu’il manie avec une extrême dextérité, ne sont pour lui que secondaires. Les arguments aux quels il attache évidemment le plus d’im portance sont les arguments politiques. L'honorable député de la Seine ne craint qu’une chose, c’est qu’on ne four nisse aux adversaires de la République des prétextes à récriminations. Il dis.cute l’emprunt l’œil fixé sur la droite, et pré tend rédiger un budget comme un article de polémique. Aussi ne se soucie-t-il que médiocrement des réalités ; pour lui les apparences sont tout. Ainsi un n’amortit pas la dette, puisque l’Etat emprunte plus qu’il ne rembourse. Cependant M. Jules Roche tient fort à l’a mortissement. 11 voit dans cette fiction une ressource précieuse en cas de péril national ou do besoin urgent. Cette prétendue ressource consiste tout simplement à payer d'une main cent mil lions, pour en emprunter bien plus de l’autre. Si nous n’avons pas d’autres res sources en cas de péril national, nous n’irons pas loin. Puisque M. Jules Roche parle de péril national, fi aurait Lien pu remarquer que le plus grand de tous les périls, c'est une dette Bottante de plus de quinze cents millions et demi, qu’on ne fera qu’aug menter si l’on suit ses conseils. Mais la dette Ilot tante ne l’inquiète pas: peutêtre même se flatte-t-il de persuader au pays, à force d’éloquence, que rien n'est plus avantageux qu'un découvert énorme. Mais ce qu'il réclame avec le plus de vigueur, c’est l'ajournement de l’em prunt. Selon lui, si la Chambre tranchait rapidement cette question, elle ne serait plus maîtresse de régler le budget à son gré; elle aliénerait la plus précieuse de ses libertés. Peu s'en faut qu’il n’accuse le cabinet de viser à la dictature, et M. Sadi Carnot de jouer au César. N’est-cé pas en effet le comble de la tyrannie, chez un ministre des finances, d’avoir une opinion en matière financière et de l'ex...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

En savoir plus
Données de classification
  • chamberlain
  • sébline
  • gladstone
  • pistor
  • baïhaut
  • roubaud
  • châtelain
  • frar
  • de freycinet
  • laur
  • paris
  • autriche
  • france
  • panama
  • orléans
  • metz
  • mo
  • aisne
  • decazeville
  • lyon
  • sénat
  • parlement
  • la république
  • ecole polytechnique
  • iss
  • faits divers
  • mouvement anarchiste
  • république française
  • m. g
  • société générale