Extrait du journal

L’élection d'hier nous a cause une dé ception. La commission du budget est en majorité peu favorable aux projets du ministre des finances. On montre peu de goût pour l’emprunt dans les conditions où M. Sadi Carnot propose de l’opérer. On parait surtout vouloir attendre, et ne se prononcer sur l’emprunt qu’après avoir longueulent examiné le budget. Cela nous renverrait fort loin ; on sait :pie les commissions n’ont point coutume île terminer promptement cette besogne. Ce serait pourtant une grande faute, et nous espérons qu’avec un peu de ré flexion on reconnaîtra promptement les inconvénients d’une trop longue attente. L’annonce d’un . emprunt avait été accueillie par le public avec une satisfac tion générale. D’une part on voyait dans cette grande opération la clôture d’une ère financière médiocrement brillante, la suppression des budgets extraordinaires, la liquidation d’une dette flottante exces sive, la promesse d’une série de réformes tendant à mettre plus de sincérité et de prudence dans la gestion de nos intérêts généraux. D’autre part, on comptait sur l’emprunt pour donner une heureuse et énergique impulsion à la circulation des capitaux. C’était, pour la reprise des affaires, une occasion décisive, une date. 1/emprunt devait faire revoir le soleil à tous ces écus endormis dans les tiroirs, qui attendent une secousse favorable pour sortir de leur cachette. Si, au contraire, la Chambre nous fait attendre une solution, les capitaux desti nés à la souscription prévue vont repren dre leur sommeil interrompu. On vendra, on a déjà vendu d’autres valeurs ; on n'achètera pas de rente, parce que la re prise ne doit avoir lieu qu’après l’em prunt. Le marché sera paralysé par l’in certitude. Le public tout entier se trouvera dans la situation d'un homme qui doit faire une importante acquisition, dont la date est à la fois prochaine et inconnue : il • wk fonds, serre son argent, ne...