Extrait du journal

— Tiens, c’est donc aujourd’hui diman che? dit-il en s’asseyant auprès du feu. — oui, c’est dimanche; comment vis-tu donc pour avoir oublié cela, continua la vieille femme d’un air mécontent. — Ma foi, ce n’est pas de ma faute, car je vous assure qu'on ne dit pas souvent la messe à bord du Furet... Mais comme tu es belle, ma fille, viens ici que je te voie, dit-il en souriant à Françoise, qui rougit de plaisir et vint l'embrasser. Et de fait la jeune tille était fort jolie et très coquettement mise. Un petit bonnet blanc, un corsage de soie aux couleurs éclatantes, et une jupe de laine rouge a raies noires, lui donnaient un air de fête tout â fait réjouissant. Ses beaux cheveux blonds étaient soigneusement divisés en bandeaux, qui tombaient peut-être un peu lias sur son front, mais qui laissaient voir deux mignonnes oreilles, rouges de santé, ornées de deux grands anneaux d’or cu rieusement ciseles. Une croix d'or, rete nue par un ruban de velours noir, sejouait sur son cou, et dans ses mains, recouver tes de petites mitaines de soie noire, elle tenait un livre de messe. La mère Guichard, qui portait le costu me des vieilles femmes du Follet avec une certaine grâce accorte était superbe ; elle s’était faite belle pour accompagner sa fille , qu'elle regardait avec une dou ce fierté. Jules lui-mème avait subi une complété métamorphose; il était vêtu d’une longue capote vert foncé, et avait la tète couverte d'un grand bonnet de police, coquettement penché sur l'oreille. Avec ses longues moustaches pendantes, sa figure creusee par la souffrance et son œil sombre, l’ancien dragon ressemblait à une de ces gravures de Charlet, qui furent publiées quelques années plus tard, dans le but de populariser les types des blesses...