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La Fronde, 7 juin 1898

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La Fronde
7 juin 1898


Extrait du journal

Du plus loin qu'elle se souvenait, Marrelie revoyait — proche ou lointain, rôdant autour d'elle, ou venant, furtivement dissimulé par les buissons et les arbres,au-devant de ses promenades sur les routes, ou marchant dans son ombre, ou blotti dans les coins obscurs de la chambre enlumiérée où elle se tenait immobile, — l'insaisissable monstre. Quand elle était toute petite, bébé aux cheveux libres, aux yeux étranges de trop larges prunelles, aux éclats de rires bruyants, longs et cassés net, elle le devinait vaguement dans l'alentour, masse informe, presque fluide, presque sans couleur. Et l'instantanée impression qu'il avait rampé,pareil à un nuage qui glisse, jusqu a être là, tout près, définitivement., et pour elle, arrêtait tout à coup, comme d'un lasso jeté,la course joyeuse, qu'avivent d'autres joies enfantines, de Marcelle autour des troncs énormes des arbres feuillus. Il interceptait son ravissement d'exister; il l'enveloppait de détresse, comme de la brume sur du soleil levant. Elle s'isolait alors, soumise à l'oppression tel qu'au destin, sans révolte, De sachant pas......
La Fronde (1897-1929)

À propos

La Fronde est un journal quotidien féministe fondé à la fin du XIXe siècle par Marguerite Durand.

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