Extrait du journal

Je venais d'arriver a Paris —, en passant par les Etats-Unis et le Canada, ce qui n est surtout pas le chemin le plus ordinaire, quand le point de départ est le départementduLot-ct-Garonne—lorsque je me décidai un matin à me présenter chez Emile de Girardin pour lequel j'avais une lettre d'introduction. Je vous avoue que je tremblais un peu en entrantdans ce grand cabinet de travail où j'aperçus tout d'abord le maître debout près d'une table inondée de la lumière crue du soleil, vètu d'une robe de chambre brune, qui me regardait venir à lui de ses yeux sondeurs, scrutateurs et perçants. Je sentis aussitôt sous ce regard qu'il allait suffire d'un rien pour me faire perdre l'équilibre .. mes jambes mollissaient... Mais, je ne sais sous quelle influence, peut-être celle qui me venait de la conviction que ma robe de soie couleur violette de Parme, et ma petite capote de même nuance m'allaient bien. je repris courage. Girardin fit quelques pas vers moi, m'offrit un siège, s'assit à mon côté, et nous voilà causant aussitôt tous les deux comme de vieux amis. Il savait faire parler les gens, et je lui dévidai tout mon voyage en Amérique, mes^ impressions personnelles, quelques détails de mœurs, et surtout je l'initiai aux rites, alors peu connus, de la Flirtation, ce qui l'amusa beaucoup. — Puis, quand j'eus fini :...