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La Fronde, 17 avril 1900

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La Fronde
17 avril 1900


Extrait du journal

' de Marie-Louise, son mari était en colonel de la garde Impériale. Les guides chamarrés d'or, les dragons à panache vert, les hussards d'Augereau, les lanciers de Poniatowski abondaient ; il y avait même une Joséphine fort sédui- sante ma foi ; elle eût charme le héros ghal élevé qui traitait si lestement les femmes et ne les jugaient bonnes qu'à engendrer de la chair à canon. Il y avait cependant quelques jours dans l'année, alors qu'au printemps, chantaient les petits oiseaux où le conquérant subissait la | domination féminine, crise toute physi' que, du reste, car chez lui,le cœur c était les sens. L'orgueil aussi jouait son rôle ; on prétend qu'il pleurait de rage entre les bras de Joséphine quand la Grassini le trompait avec un cabotin quelconque. Quoi qu'il en soit, au milieu d'entraînements passagers, on cite quelques femmes qui eurent le privilège d attacher e maître d'une façon plus durable, telle cette charmante Polonaise qui fut la mère du comte Walcwski,lequel ressemblait d'une manière frappante à son auguste père. Napoléon eut aussi un caprice très accentué pour certaine lectrice de sa sœur, la princesse Elisa. Avait-il rencontré cette belle-fille, fraîche comme l'aurore, qui comptait dix-huit ans à peine, dans un de ces jours de faiblesse oii la volonté énergique fléchissait sous l'aiguillon du désir? En tous cas, il ne manquait pas aux Tuileries d'ambitieux, prêts à jouer les Ijcbel à l'occasion. La princesse Elisa elle-même trouvait fort mauvais que sa ler.trice osât résister au vainqueur de l'Europe. Pour expliquer la chose,on asaurait qu'un bel officier de la garde possédait toutes les affections de la petite personne et que 1 amour lui donnait la force de se défendre contre celui dont toutes les femmes de la cour briguaient la conquête. Or, il advint que l'officier accusé, plu» ou moins justement.d avoir pris part à un complot contre 1 'Empereur, fut traduit devant un conseil de guerre et condamné à mort. L'exécution Était fixée an lendemain, à la plaine de Vincennes. Dans ce temps-là, les choses lie traînaient pas en longueur. Folle de chagrin, la lectrice court aux Tuileries et supplie Duroc de lui ménager quelques minutes d'entretien avec l'Empereur. Le favori promet, un peu étonné de cette insistance; elle s'humanise donc enfin la petite rebelle; avec ses airs de vierge d 'Ossian elle ne vaut pas mieux que les autres. Mais le grand maréchal garde pour lui ces réflexions; il offre respectueusement son bras à la demoiselle et la guide à travers le palais jusqu'à une chambre qui se trouve derrière ta chapelle des Tuileries : c'est un vrai voyage. Puis, en courtisan discret, il salue et s'en va prévenir sa Majesté....
La Fronde (1897-1929)

À propos

La Fronde est un journal quotidien féministe fondé à la fin du XIXe siècle par Marguerite Durand.

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