Extrait du journal

C’est en caractères de sang et d’or qu’on devra graver pour l’Histoire humaine les communiqués de guerre comme celui d’aujourd’hui, qu’il faut lire, relire, ap profondir pour comprendre tout ce qu’il contient d'héroïsme fécond, d’espérances prochaines. C’est à genoux qu’il faudrait lire le Communiqué de 15 heures qui vient de nous parvenir. Il y a onze jours que l’ennemi a entre pris la plus formidable ruée que le monde ait jamais vue et verra jamais. La va leur, la puissance, l’esprit de sacrifice de nos alliés britanniques ont subi le choc non sans rompre et céder du terrain, mais du moins en écrivant une glorieuse page d’abnégation et d’héroïsme. Grâce à eux et grâce à l’arrivée à temps nommé des armées françaises, le destin a été conjuré, la catastrophe évitée, la victoire rendue possible, que dis-je, certaine. L’ennemi devait, en ce jour, fêter Pâ ques à Amiens et peut-être au Tréport. Il en est réduit à bombarder de plus de vingt kilomètres la grande cité picarde. Les troupes anglo-françaises ont arrêté le flot destructeur en gagnant, le 28 et le 29, la bataille de Montdidier. Alors, le danger est apparu à Hindenbiirg de ses lignes portées en flèche vers l’ouest, menacées au nord par les divi sions britanniques de Vimy, au sud par nos troupes de Moreuil à Lassigny. Il a lancé ses meilleurs soldats dans la direc tion d’Arras et de Vimy, où nos alliés ont brisé leur offensive. Il a ensuite tourné ses forces contre le front français de Moreuil à Lassigny, essayant, par une nouvelle et effroyable ruée, de passer à travers nos lignes et livrant, sur plus de 60 kilomètres, une bataille désespérée. Nos lignes ont tenu bon. On ne passe pas ; la bataille a duré toute la journée d’hier, indécise au matin, tournant vers midi à notre avantage et se terminant au soir par l’éclatante victoire des Poilus de Foch et de Pétain. De oes centaines de mille assaillants, de ces divisions d’élite, il ne reste que ries monceaux de cadavres et des soldats en déroute, tandis que les nôtres, nos chers héros, reprennent du terrain et font des prisonniers. T r< France de la Marne et de Verdun refleurit, en ces jours sacrés, sur les champs de bataille de Picardie. Maitri* sons nos émotions ; soyons forts devant . les sacrifices ;* rentrons nos larmes et cé| lébrons les heures glorieuses qui son1 nent. , Alléluia î la Victoire est en marche. E. Seitz. ! I...