Extrait du journal

en 1830. D’autre part, le proverbe est toujours vrai, qui dit : « Ne menace pas ton ennemi, tu le mettrais sur ses gardes. » L’Italie ne cherche querelle à personne. Elle sait bien qu’en essayant de bouleverser, par exem ple, l’équilibre méditerranéen, elle trouverait immanquablement l’Angleterre aux côtés de la France. Que veut-elle donc ? Elle craint, avec beaucoup, avec bien des rédac teurs qui ont écrit à cette même place, qu’aux en virons de 1935, l’Europe ne voit sa tranquillité troublée. A cette époque, l’Allemagne sera très forte et la France subira les effets de sa très petite natalité de 1915. L’Italie ne se rangera pas aux côtés de l’Allemagne, car celle-ci, victorieuse, lui ferait rendre Trieste et Trente, et Fiume, mais elle fera payer cher à la France sa neutralité. La diplomatie italienne est la première du mon de. Certains stratèges en chambre peuvent par ler de l’infériorité de l’infanterie italienne, ce qui est possible, mais ils oublient son incomparable aviation, l’arme qui, dans les guerres futures, jouera le plus grand rôle. * ** L’inquiétude a aussi gagné les Balkans. La Roumanie avait pour Roi un enfant que suppléait jusqu’à sa majorité un Conseil de ré gence. Elle a jugé ce gouvernement insuffisant dans les circonstances actuelles. Elle a désiré un chef ; elle a appelé le chef héréditaire. Celui-ci, le Prince Carol, avait été éloigné du trône par son père défunt, en raison d’une vie privée très mouvementée. Le pays, en rappelant le Prince Carol et en le nommant son Roi, lui fait confiance. 11 sait que l’intérêt national saura accaparer tout entier le nouveau souverain. En Roumanie, il y a une situation Intérieure assez délicate ; mais la situation extérieure est plus inquiétante. L’histoire récente de la Hongrie, ses protestations contre le traité de Trianon, les menaces venant de la Bessarabie et des So viets, devaient éveiller le patriotisme roumain à l’heure où la France abandonne la partie. * *• Ainsi, l’évacuation de juin 1930 est un fait his torique d’une portée incalculable et encore malaisée à évaluer. L’avenir nous apprendra ce que le voyou de passage Briand fut malfai sant pour la France et l’Europe....