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La Gazette de Château-Gontier, 18 mai 1930

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La Gazette de Château-Gontier
18 mai 1930


Extrait du journal

avaient pas, par les Assurances sociales ; elles ont dégrevé ceux qui en ont, en diminuant l’impôt sur les valeurs mobilières, et aux agriculteurs elles ont diminué l’impôt foncier. Il y en a pour tout le monde : prolétaires, propriétaires et pay sans. Tous rentiers socialement ou par fortune privée... Mais enfin, qui fera les rentes ? — L’Etat. — L’Etat !... Qui ça, l’Etat ?... C’est une entité que nous ne connaissons pas. — Mais, la France... L’administration... — Oui, je vous entends... C’est nous autres... Ce sont les contribuables, tous ceux qui paient des impôts, c’est-à-dire Monsieur tout le monde, car maintenant, peu ou prou, tous paient des impôts, et beaucoup. — Il faut bien que l’argent vienne de quelque part. — De notre poche. Mais nous versons beau coup et nous verserons davantage encore pour toucher peu. L’Etat dépense de plus en plus pour payer les dépenses votées par les parlementaires ; les contribuables pourront-ils toujours fournir les fonds nécessaires ? Sinon, c’est le déficit. Or, il est impossible de chiffrer ce que coûtera la masse des pensions nouvelles qui seront à la charge de l’Etat. — On demandera à la richesse acquise. — Oui, l’impôt sur le revenu, déjà très lourd. Puis l’impôt sur le capital, en fait déjà établi. Mais n’est-il pas à craindre qu’avec un dernier tour de vis, le malheureux contribuable écrasé ne meurre, victime du fisc ? On se dira : A quoi bon économiser, à quoi bon gagner un peu plus d’argent, puisque c’est pour le fisc ? Il n’y aura bientôt plus que des ouvriers gagnant au maxi mum 18.000 ou 15.000 francs par an, pour être bénéficiaires de la loi et être assurés d’une rente à GO ans. — Ce serait l’égalité parfaite. — Vous croyez ?... Il y aura des malins qui trouveront le moyen de gagner davantage en se ménageant des rentes quand même. — Vous avez raison... les fonctionnaires. — Oui, les fonctionnaires, dont l’armée aug mente en nombre formidablement chaque année... Et, chose assez drôle, justement, il y aura des fonctionnaires créés spécialement pour les Assu rances sociales, qui ne seront pas astreints au versement de 10%, car leurs traitements dépasse ront le taux fixé et qui seront rentiers cependant, aux dépens de ceux qui auront versé... et ils au ront un autre pourcentage de rente que les pau vres prolétaires... — L’avenir n’est pas rose. — Tous rentiers ou tous fonctionnaires ! Voilà ce qui attend le peuple français dans quelques années. Nous disions tout à l’heure qu’il faudrait serrer la ceinture d’un cran... ce n’est pas une ceinture que nous porterons, c’est une chaîné... Tous rentiers I Allons doue 1 C’est tous enchaî nés, qu’il faut dire. On a bourré le crâne des Français, avec ce beau mot de liberté. Où donc sera la liberté ? Jamais despote n’a gouverné un peuple aussi durement que nous le sommes maintenant. Le peuple le plus indépendant du m#nde, le plus assoiffé de liberté qui, s’il avait deux sous, voulait être libre de les dépenser à sa guise ou de les économiser pour ses enfants, est maintenant réduit à être fonctionnaire, c’est-à-dire dépendant d’un maître impitoyable, ou assuré obligatoire. Dire qu’il y en a encore qui prétendent que la Bastille a été prise pour nous donner la liberté I Jamais roi n’eût pu faire avaler à ses sujets une couleuvre aussi grosse, un appât aussi mensonger que cette promesse de faire de tous les Français des rentiers... Sous le dur carcan que l’Etat nous passe au cou en nous obligeant à lui donner nos économies pour nous faire lui-même de maigres rentes, nous allons vivre comme les antiques es claves, n’ayant plus la liberté de faire des écono mies nous-mêmes pour nos vieux jours, et ne pou vant plus rien léguer à nos enfants. C’est du pur socialisme, et du plus mauvais. Quand l’Etat, ruiné par les nombreux fonction naires qu’il lui faudra entretenir, ne trouvera plus les milliards que nécessitera l’application des As surances sociales, quand les contribuables, ruinés par le fisc, n’auront plus rien à verser dans le gouffre sans fond du Trésor, que deviendront les promesses de nos parlementaires ? Tous rentiers !... Quel charlatanisme !... Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le Ministre des Assurances cociales, M. Laval, vient de réglementer les prix minima des bonnes, selon la population des villes, et qu’il va prochainement fixer les prix que les femmes de ménage pourront demander. Vive la liberté !......

À propos

Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.

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