Extrait du journal

étaient tout l’attrait de ce petit visage, avec les cheveux ébouriffés qui sem blaient mettre une brume d’or autour de son front. Elle n’eût point obtenu l’admiration d’un sculpteur, car ses traits n’avaient rien de la régularité classique ; toute fois, il nous semble que pour un pein tre elle n’aurait pu passer inaperçue. Si la maigreur du visage faisait "pa raître la bouche trop grande, le front trop haut, le cou trop"mince, une vie intense se réfugiait dans le regard qui, tour à tour, devenait, étrangement pro fond ou rayonnait d’enthousiasme. Au moral, Maud avait une nature impressionnable et indépendante, re belle à la punition, mais accessible au raisonnement et sensible à l’excès. Un" acte de sévérité ou un reproche fait brusquement l’exaspéraient et la mettaient hors d’elle pour des jour nées entières ; alors qu’une parole affectueuse et une observation faite avec douceur la jetaient de suite, re pentante et confuse, dans les bras de la personne qui avait su trouver le chemin de ce petit cœur fermé. Elle avait passionnément aimé sa mère, et, malgré son jeune âge, le chagrin qu’elle éprouva de sa mort prématurée fut si profond et si persis tant que, pendant plusieurs mois, on put croire quelle ne lui survivrait pas. Et c’était navrant de voir cette frêle enfant, diaphane sous les vêlements de deuil qu’elle portait et qui accen tuaient encore la blancheur de son teint, parcourir un à un tous les appar tements de Stainville - Hall, errer...