Extrait du journal

mais avant tout je me dois à mon père, je veux le consoler s’il en est temps encore. Le docteur soupira... — Vous ne répondez pas, reprit Ger maine. Mes pressentiments sont donc vrais... C’est en lisant la lettre de mon Henri que j’ai pensé à mon père... Il est malade, n’est-ce pas ?... Il est chez lui ?... — Il va mieux, mon enfant, mais le coup qui l’a frappé l’a atteint cruelle ment... — Mon Dieu ! fit douloureusement Germaine, que demandez-vous en core ? — Pauvre petite... Chacun a sa croix ici-bas... Vos épaules sont bien faibles pour celle que vous avez à porter. Pas de réponse de la part de la jeune femme, mais levé vers le docteur un regard chargé de douleur, de résigna tion, de détresse... Et de ses yeux meurtris, bleuis d’angoisses, d’insom nies, de cauchemars, montait vers lui une supplication ardente et confiante en même temps. M. Frégions comprit : — Vous voulez aller voir votre père? — Je vous y accompagne. Elle ne répondait toujours pas, toute sa vie était concentrée dans son re gard, dans l’expression intense de son visage pâle et défait où brillaient, tel les deux braises ardentes, les yeux allu més de fièvre... Le docteur sonna son domestique et le pria de faire avancer une voiture. Ils partaient./...