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La Gazette du Languedoc, 2 mai 1851

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La Gazette du Languedoc
2 mai 1851


Extrait du journal

usines, créances hypothécaires, offices ministériels, clientèles, etc. Quoi de plus facile que do vérifier l’exactitude de notre affirmation ? Des fermes sont louées aujourd’hui ; est-ce au même taux que sous la monarchie? Des maisons sont mises cri vente; est-oe au même prix que sous la monarchie? il y a des usines à céder ; esi-cc aux mêmes conditions que sous la monarchie? Notaires et receveurs de l’enregis trement, acheteurs et vendeurs, vous êtes tous la prêts à répondre : Non, mille fois non. Or, s’il en est ainsi, si la dépréciation des valeurs est aussi incontestable que générale, la France a donc le droit de dire qu’elle a perdu, à l’établissement de la République, une partie de sa richesse financière. Où en est sa fortune mobilière? On peut le demander aux actionnaires delà Banque do France, qui perdent plus d’un tiers; aux actionnaires des chemins île fer, qui per dent plus de moitié; aux titulaires d’offices ministériels, comme avoués, notaires, huissiers, commissaires-pri seurs, qui ne perdent guère moins; aux possesseurs de rentes sur l'Etat, qui perdent près d’un quart. Sont-ce là des conjectures, des ex (géralions, des mensonges ? Tout cela, .m contraire, n’est il pas notoire et authen tique? tout cela n’est-il pas imputable à la République qui, même en s’améliorant, n’a pu y remédier? La révolution, qui a diminué la richesse territoriale et la richesse mobilière, a diminué plus encore la ri chesse industrielle et commerciale. Les grandes entreprises de l’industrie sont rarement formées par un seul spéculateur, la plupart sont com manditées, et par conséquent vivent de crédit ; où en est ie crédit aujourd’hui ? Pour des entreprises nouvelles, à quelles probités, à quelles expériences, à quelles intelligence-, des fonds sont-ils aujourd’hui confiés? A aucune. D’où il résulte que les capacité- demeurent oisives et que les capitaux restent improductifs : ce qui fait qu’il n’y a de gain pour personne. Les industries créées depuis longtemps sont ellesmêmes moins actives? Comme on craint de leur faire des commandes, elles craignent de produire; elles opèrent sur une échelle restreinte, et comme elles fout moins de bénéfices, elles dépensent moins en perfectionnement, elles font moins de sacrifices pour retenir les bons ouvriers qui, décou ragés, vont porter leur talent au dehors. Les représentants de nos grandes villes industrielles, qui viennent d’avoir le loisir de les visiter, nous diront si une crise manufacturière ne leur paraît pas immi nente, et si les lettres, qui de toutes parts l’annoncent, sont autant de mensonges. Le commerce de détail est également en souffrance. Les dépenses de luxe sont supprimées et les dépenses ordinaires sont restreintes dans le plus grand nombre de familles; il s’ensuit que les fonds de commerce, les magasins, les boutiques et les clientèles ont moins de valeur pour les propriétaires et pour les locataires : mettre en doute un tel fait est impossible : il est avoué de tout le monde. La conséquence générale de tout ce qui précède, c’est que, pour toutes les classes de la société, il y a aujour d’hui appauvrissement ; c’est que toutes les positions, toutes les classes, toutes les familles souffrent de l’éta blissement de la République Essaie-t-on de nous démentir, nous en appelons aux cotes delà Bourse, aux bilans de la Banque de France, aux témoignages des chambres de notaires, des cham bres d’avoués, aux déclarations des receveurs de l’en registrement, à la dépréciation des valeurs. Voilà le fait qui élève contre la République la plus terrible des accusations. La République peut être théoriquement une très belle chose ; au point de vue philosophique, elle peut être un excellent gouvernement, mais elle est une cause (ie ruine ; un gouvernement qui appauvrit ne peut être un gouvernement? populaire, un gouver nement qui amène la misère ne peut durer, un gouver nement qui condamne les masses à la souffrance est un gouvernement i m possible. Non seulement, à dater de l’avènement de la Répu blique, les fortunes ont été diminuées, mais elles ont été grevées de l’immense fardeau qu’ont fait peser sur elles l’impôt des 45 centimes et l'impôt mis sur tous les traitements. De là de cruels sacrifices que n’adoucissait aucune ment la pensée qu’ils servaient à solder un gouverne ment révolutionnaire, des ministres insuffisants, des préfets pour la plupart incapables, des entrepreneurs d’émeutes à l’intérieur et de propagande républicaine au dehors, des ateliers nationaux, des fêtes athénien nes, etc. Ajoutons que la République,"qui a compromis les for tunes privées, a compromis la fortune publique....

À propos

La Gazette du Languedoc fut une feuille monarchiste légitimiste publiée à Toulouse et distribuée dans ses environs entre 1831 et 1857. Plusieurs fois poursuivie par la Monarchie de Juillet et par le Second Empire, La Gazette du Languedoc servait de plateforme pour l’opinion légitimiste dans la région. Ses bureaux faisaient office de véritable siège pour les partis politiques issus du mouvement, inquiétés par les soutiens de la duchesse de Berry, notamment après son expédition manquée de 1832 et sa tentative de se déclarer régente au nom de son fils "Henri V".

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