Extrait du journal

Ils firent de tout temps les réservoirs de la langue, soit qu'on allât les chercher dans nos vieilles provinces, soit qu’on explorât le vocabulaire des métiers.Mais la sagesse poli tique,qui est un bon miroir d’histoire et de science,nous fournit un moyen de juger assez précisément du point où les meilleures choses tournent au pires; les petits Etats formés par une corporation, une communauté, une ville ou une province, dotés de leurs cou tumes propres, sont non seulement sans danger, mais de grand avantage tant que l’Etat central subsiste et reste florissant. Mais quand celui ci diminue ou languit, à plus forte raison s’il vient ù disparaître, le pullulement de toutes les petites sociétés concurrentes établit un désordre fou, qui finit par la lutte ouverte ; car les éléments so détruisent l’un l’autre au lieu de sc combiner. J’estime les argots et les patois au même prix que les villes et que les pays. Tous nos bons écrivains ont pillé le langage des corporations et des régions. Mais c’était au profit du langage com mun. Ce langage, où est-il aujourd’hui ? Plus on nous centralise,plus nous man quons d’un centre vivant où soient, je ne dis pas réglementés, ni enregistrés,...