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La Gazette, 3 septembre 1897

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La Gazette
3 septembre 1897


Extrait du journal

Potins d'été : Le Figaro raconte une piquante anec dote, qui fait du reste, comme on verra, le plus grand honneur eu personnel de politiciens et de fonctionnaires du régime qu’il chérit. Résumons !a avec 1er précautions de langage qu’exigent généralement les peintures de mœurs républicaines. H s’agit d’un homme politique, « fcst-ce un sénateur, est-ce un député? » a-t-il été ministre, le sera-t-il uu * jour ? » se demande notre confrère — Ses amis, en attendant, lui persuadaient qu’il devait se débarrasser d’un fonction naire de son arrondissement, la plus aisée des choses pour un homme poli tique agréable au Pouvoir. Le motif apparent était que le fonc tionnaire n’appartenait pas à la nuance du député et servait mal ses intérêts électoraux ; le motif réel, connu de tout l’arrondissement, hors le principal inlétéressé, était que le fonctionnaire com promettait fort la femme de l’homme politique. Tandis que retenu à Paris par les graves devoir de son mandat, le lé gislateur légiférait, son foyer provincial était en danger. Peut-être madame, un peu contrariée d’être laissée en province pensait-elle que monsieur, là bas, ne légiférait pas tout le temps et estimaitelle avoir droit à quelque vengeance. L’excellent homme politique se laissa convaincre, non sans peine : car on de vine qu’il avait la plus cordiale sympa thie pour ce fonctionnaire perfide. Mais enfin ses intérêts électoraux — c’est-àdire les intérêts du pays ! — devaient passer avant l’amitié. Il demanda le dé placement du fonctionnaire : il allait l’obtenir lorsque madame fut avertie. Elle accourut à Paris, et, par un de ces traits de génie que l’amour inspire aux femmes, dit brusquement à son mari : — Vos amis vous ont écrit de deman der le changement de M. X...? — Parfaitement. — Et vous croyez que c’est à cause de son attitude politique? — Dame ! — Eh bien, vous vous trompez ! C’est parce que dis misérables ont répandu dans le pays le bruit qu’il était... qu’il était... trop mon ami. — Trop votre ami 1 — Oui... Cette ignoble calomnie court la ville et l’arrondissement... A vous maintenant de voir s’il convient de donner corps à cette infamie en éloi gnant M. X. et en montrant ainsi que vous doutez de votre femme ! L’homme politique fit un bond i — Douter de ma femme!... Pals&mbleul. . Il faut leur faire rentrer leur calomnie dans la gorge... Venez avec moi au ministère. Mari et femme se précipitent chez le ministre interloqué. — Monsieur le ministre, votre mou vement est il fait ? — Pas encore, mais soyez tranquille, M. X... y sera compris. — Justes cieux ! qu’alliez-vous faire là? M. X... ne peut plus quitter l’ar rondissement. — Et pourquoi cela ? — Par«:e qu’on calomnie la pureté de ses relations avec ma femme ! Et l’homme politique explique au mi nistre ahuri que, dans ces conditions, le départ de M. X..., c’est le déshonneur pour sa femme et pour lui, et qu’il faut, à tout prix, maintenant que le fonction naire reste à son poste. En vain le minis tre, qui est au courant de la situation, insinue-t-il doucement que le plus court moyen d’arrêter la calomnie serait peutêtre d’éloigner le personnage... — Il y va de l’honneur de ma femme, crie le mari surexcité. — Il y va de l’honneur de mon mari, clama la femme indignée. Le ministre baissa sa longue oreille et promit de ne pas toucher à M. X. L’homme politque et sa femme le re mercièrent avec une égale effusion. Ils repartirent le soir môme pour leur petite ville, non sans avoir télégraphié la bonne nouvelle à M. X... qui vint les attendre A la gare et, avec la satis faction des consciences heureuses, le mari, la femme et l’autre remontèrent en landau pour regagner ce foyer dont la paix un instant menacée était rétablie pour longtemps. Moyen économique de correspondre : Le dernier fascicule du Strand Maga zine raconte une amusante anecdote dont le héros est le prédécesseur de l’actuel archevêque de Canterbury. Ce digne prélat détestait par-dessus tout les dé penses inutiles. Obligé, en vertu de ses fonctions, de voyager beaucoup, il se...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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