Extrait du journal

Ajaccio, le 2îi mars 1903. La mer était si belle, et le ciel si pur, que je me suis décidé, avaul-bier, toutà-coup, à oublier La Cannebière, et à m’embarquer pour la Corse, via Ajaccio, avec l’intention, tout d’abord, de ne faire que traverser Vile, pour aller re prendre le bateau à Bastia, et atterrir à Livourne ayant affaire en Italie. C’est l’Insulaire, un de ces petits pa quebots de la Compagnie Fraissinet, qui ne marchent pas très vite, mais où le confort est suffisant, surtout quand il s'agit d une traversée de quinze heures environ. Nous sommes peu nombreux à bord,en première classe,un capitaine de vaisseau allant prendre le commande ment de la défense mobile de Vile,et deux officiers attachés à sa personne : tous les trois distingués, affables et causeurs intéressants ; puis quelques Corses, dont l’un, chef d’escadron d’artillerie colo niale, venant de prendre sa retraite et revenant dans son pays natal. I n An glais, mais très démonstratif, contraire ment à l'habitude des gens de sa nation, enfin un Français du Continent, Pari sien, arrivant de Nice, ayant beaucoup voyagé, et ayant pris, comme moi, la résolution de venir faire connaissance...