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La Gazette, 5 octobre 1895

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La Gazette
5 octobre 1895


Extrait du journal

Nous recevons la lettre suivante : Monsieur le Directeur, Je viens de recevoir dans ma solitude les extraits d’un travail aussi remar quable par la forme que solide pour le fond, paraît-il. Il émane de la plume d’un saint et éminent Religieux qui tient en France un rang élevé: le P. Le Doré. J’ai lu et relu le passage suivant de l’opuscule de circonstance. Il s'agit, vous le savez, de préciser si les Congrégations doivent résister ou se soumettre et de dire quel secours peut donner la « Cons cience » pour accomplir son Devoir : La doctrine catholique, en effet, toujours pleine de déférence pour l’autorité, veut que nous obéissions, propositis etiam discolis; elle veut que, pour le bien commun, nous accomplissions les lois, même quand elles ont quelque chose de tyrannique. Il faut que la conscience soit blessée dans ses droits d'imposer un devoir, pour que l’Eglise nous dise : vous pouvez ne pas obéir. Or, c’est ce que nous dit ici le Saint-Père : « Sa Sainteté a entendu et entend laisser » entière liberté aux Congrégationsreligieuses, n de prendre vis-à-vis de ta loi du 46 avril » 1895 l’altitude qu'elles estimeront convenir » le mieux à la défense de leurs intérêts res» pectifs. » (Lettre à S. Em. le cardinal Leoot, 7 septembre 1805). Elles peuvent donc, en toute liberté, et par suite en toute sûreté de conscience, prendre l’attitude passive. N’y a-t-il pas dans cet acte du Souverain Pontife par rapport à notre loi, une certaine analogie avec ce qui se passait autrefois quand le Pape déclarait que, dans telle ou telle circonstance, les sujets étaient déliés de leur serment de fidélité, à l’égard d’un souverain coupable de crimes trop énormes ? Les évêques, qui sont, avec le Souverain Pontife, les juges de la foi et des mœurs,se sont prononcés avec un ensemble remar quable et ont justifié notre ligne de con duite. Quant aux Congrégations, il est inu tile d’observer que si, en grande majorité , elles ont choisi l'attitude passive, c'est qu'elles sont convaincues de sa légitimité. Le mouve ment qui se manifeste dans le même sens dans les rangs du clergé et parmi les fidèles est une preuve que tel est aussi le senti ment des catholiques de France. Nous ne croyons pas devoir insister plus longuement pour montrer que l'attitude pas sive est légitime. Nous ne connaissons, en effet, personne qui ait mis en doute cette légitimité, même parmi ceux qui soutien nent que la sagesse conseille de céder* Ces affirmations jettent un trouble ex trême dans mon esprit et, certes, je ne suis pas le seul dans cet état d’àme. Je me demande comment il se peut faire que ma « sûreté de conscience » reste la même soit que j’affirme mon Droit, soit que je courbe l’échine. Eu faisant des choses radicalement opposées, je trouve un paix égale pour ma conscience ! Certes, ce doit être, puisque le P. Le Doré l’affirme et que Rome le confirme, mais avouez qu’au premier abord, et, même, en s’y reprenant à deux fois, la chose est difficile à saisir. La vérité est-elle aussi élastique que cela! Ou a beau écrire et discourir pour montrer le bien fondé de ces « sécurités de conscience » à double usage, et à ap plication opposée, il faut reconnaître que des intelligences naïves et simples com me est la mienne, cherchent sans la trouver où réside Yunité de l’enseigne ment qui a passé jusqu’à ce jour pour être la force en même temps que la lu mière de la « conscience » du Chrétien. Eclairez-moi, Monsieur le Directeur, et vous aurez mérité la reconnaissance de votre humble serviteur....

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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