Extrait du journal

I.» campagne allemande Berlin, 3 septembre. — Après une courte accalmie, la campagne contre la légion étran gère reprend avec un regain de violence et, cette fois, d’une façon plus sérieuse. Elle est menée par un certain nombre de parlementai res, six députés au Reichstag et deux au Land tag, qui ont exprimé, dans la Gazette nationale, leur avis à ce sujet. En tête de ces huit inter views, reproduites par ordre alphabétique, se place celle du leadtr national libéral Bassermann, qui suggère l’idée de saisir le Reichstag de la question. « Il n’est pas douteux, dit-il, que, dans sa prochaine session, le Parlement de l’empire s’occupera des scandales de la Légion étran gère française. La meilleure façon de procéder serait au moyen de motions et de résolutions d'entamer la question d’une meilleure protec tion à accorder aux nationaux allemands con tre les racoleurs et leurs complices, et de ren voyer ces motions à une Commission. Celle-ci aurait pour tâche de rechercher les voies léS;ales aptes à enrayer l’acte du racolage et de aire des propositions positives dans ce sens. En attendant, il se forme en Allemagne des associations dont le but est de combattre la Légion étrangère. Leur première tâche est de rassembler les matériaux et documents voulus, de démontrer au gouvernement et au Parle ment la nécessité d'une intervention légale et préparer par là le terrain à une législation fu ture. M Le député socialiste Wolfgang Heine voit les choses autrement. Pour lui, ce qui pousse un grand nombre d’Allemands dans la légion étrangère, c’est l’instinct des aventures et l’amour de la guerre. « Quiconque ne cesse de prêcher constam ment, dit-il, que la guerre démontre la force et engendre les plus hautes vertus, ne devra pas s’étonner que beaucoup de jeunes gens préfèrent le service de la guerre au travail honnête de la paix, en se disant que les hautes vertus morales, que la guerre est censée créer, se développent aussi sous le drapeau trico lore. Beaucoup s’engagent également à la lé gion étrangère parce qu’ils redoutent l’extrême rigueur de la discipline allemande. Enfin, le défaut d’une éducation formant la jeunesse à l’indépendance, la misère et la détresse éco nomique, le manque de travail sont aussi des facteurs qui incitent nombre de jeunes gens à partir pour l’Afrique. C’est sur ce point que doivent porter les réformes sociales et non sur un renforcement des lois pénales qui sont déjà suffisamment rigoureuses. » Le député radical Muller (de Meiningen) pro pose commo léfoi me : « 1* Traiter plus humainement les soldats allemands; 2° simplifier les formalités bureau cratiques ; 3° travailler à obtenir l’interdiction par la France d’admettre des jeunes gens de moins de vingt et un ans. Si l’on ne peut y ar river par la voie diplomatique, qu’on en appelle à la voie internationale, 4° création d’une lé5ion coloniale allemande de volontaires, dotée e certains privilèges. » lue arrestation Berlin, 3 septembre. — On annonce que le batelier Klein a été arrêté, hier, à Mayence, sous l’inculpation d’avoir voulu racoler un jeune homme pour la légion étrangère. On sait que, par jugement récent, toute per sonne faisant l'éloge de la légion ou des pays S[u’elle défriche peut être considérée comme aisant du racolage....