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La Gazette, 9 septembre 1913

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La Gazette
9 septembre 1913


Extrait du journal

Nous recevons la communication sui vante : Malgré les persécutions, les membres de 1 enseignement libre ne cessent pas de donner les plus beaux exemples de dévouement et d’esprit d’organisation. Ils ont leurs sociétés de secours mutuels strictement corporatives et une union de ces sociétés pour étudier les questions d’intérêt général concernant la mu tualité ; ils ont leurs associations, s’occupant de tout ce qui peut être utile aux membres af filiés ; ils ont des syndicats professionnels groupés en une Fédération active et sérieuse ment conduite. Les instituteurs et institutrices libres sont, pour la très grande majorité, embrigadés dans l’un de ces groupements de sorte que l’on peut dire que leur profession est l’une des mieux organisées. Nous nous empressons d’ajouter que toutes ces institutions demeurent respec tueuses des autorités ecclésiastiques qui ont la haute main dans chaque diocèse sur l’ensei gnement libre. La loi du 5 avril 1910 sur les retraites ou vrières devait être l’occasion d’une nouvelle initiative corporative. Le personnel de l’enseignement libre rentre incontestablement dans le cadre de cette loi. Instituteurs et institutrices sont des assujettis obligatoires : ils sont soumis aux obligations que cette loi édicte, ils ont droit aussi aux avantages qu’elle accorde : participation des employeurs dans la constitution de la rente future qui doit assurer le pain des vieux jours et allocations accordées par l’Etat. Les catholiques ont été parmi ceux qui, tout en regrettant les imperfections de la loi du 5 avril 1910, se sont efforcés de l’appliquer le mieux possible. Ils trouvèrent donc juste de faire profiter les membres de l’enseignement libre des dispositions légales susceptibles de garantir leur vieillesse. Dès lors la seule question qui se posait était de savoir comment ce programme serait rem pli. Laisserait-on l’épargne des assujettis et les contributions des employeurs grossir les fonds dont l’Etat a la libre disposition ; ou ne valaitil pas mieux instituer, comme la loi le pré voit, une caisse autonome ? Ceux qui avaient donné tant de preuves de leur initiative et de leur esprit corporatif ne pouvaient pas laisser l’Etat mettre les mains sur les ressources des tinées à l’assurance de l’avenir des vieux édu cateurs de notre jeunesse catholique. L’idée d’une caisse professionnelle de re traites fut mise à l’étude dans une commis sion réunie sur l’initiative de la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement libre. Un projet de statuts fut élaboré. Il fut longuement discuté dans les séances de cette commission que présida plusieurs fois le di recteur des œuvres du diocèse de Paris. Enfin dans leur assemblée annuelle les directeurs diocésains adoptèrent le principe d’une telle initiative et la prirent sous leur patronage. Mais il fallait la réaliser, mettre au point les multiples détails de constitution et recueillir les adhésions, c’est-à-dire donner la vie à une entreprise qui, jusque là n’était qu’un projet. La Société d’éducation assuma cette lourde charge ; aussi peut-on dire que cette caisse de retraites fut son œuvre. Le colonel Relier en accepta la présidence ; il s’entoura des ou vriers de la première heure et leur adjoignit les concours les plus qualifiés pour assurer le succès de l’entreprise ; enfin la Société d’Edu* cation eut la générosité d’avancer les fonds nécessaires pour les premiers frais d’établisse ment et la propagande. Le succès récompensa de tels dévouements, de tels labeurs et les adhésions affluèrent. Aujourd’hui, ces dernières ont dépassé le nombre de 4.000 ; plus de la moitié sont déjà officiellement enregistrées ; de sorte que la Caisse centrale autonome des retraites de l'ensei gnement libre va obtenir le décret l’autorisant à fonctionner pour assurer l’application de la loi du 5 avril 1910. Les personnes peu au courant des œuvres sociales verront en cette caisse une simple en treprise privée ; elles diront : « Voilà de bra ves gens qui font preuve d’esprit de suite et de volonté ; ils ne veulent pas abandonner sans contrôle le gage de leurs vieux jours ; ils se sont associés librement pour remplir des obligations légales ; ils donnent ainsi un bel exemple d’initiative et d’entraide. » Mais celles qui déplorent l’anarchie de nos institutions et qui voudraient mettre de l’ordre dans la société, en groupant les gens de même profession, se livrant chaque jour au même labeur qui leur a créé ainsi une mentalité spé ciale, mais aussi des besoins et des risques spéciaux, apprécieront à une bien plus grande valeur la caisse autonome ainsi créée. Elle réalise le type de l’institution profes sionnelle limitant son action utile et bienfai sante aux personnes ayant la même occupa tion, elle utilise pour le meilleur fonctionne ment de ses services les institutions fondées sur le même principe, syndicats, mutualités, associations; elle crée ainsi un lien, qui n’unit pas, mais qui fait mieux apprécier de tous, les services rendus par chaque groupement cor poratif. Lu profession organisée ne signifie pas, en effet, la cohue des intérêts individuels se ruant à la poursuite d’espérances chimériques et de folles revendications; mais le lent effort de ceux qui, en améliorant le cadre professionnel, en lui donnant plus de garanties, plus de force, plus de valeur, savent qu’ils en retireront des avantages personnels. Tandis que les premiers ne recherchent que la satisfaction la plus ra pide de leurs instincts et de leurs désirs dans un bouleversement de nos institutions sociales, les seconds construisent d’abord l’édifice pro fessionnel, lui consacrent leurs efforts, et après avoir ainsi fait œuvre utile pour tous, y cher chent pour eux-mêmes, aide et protection. L’enseiguement libre est ainsi l’une des ra res professions qui possède une telle caisse de retraite ouverte à tous ses membres isolés ou...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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