Extrait du journal

On va célébrer le centenaire de Birbier, le véhément poète de la Curée et de FIdole. Ce Tyrtée de la Révolution de Juillet fut un doux petit bonhomme, oui vivait, rangé comme une fille, près de sa vieille mère. Et quand il eut perdu cette excellente femme,Barbier continua de vivre aussi régulièrement et casanièrement dans son cinquième étage, rue Jacob, sur la cour. M. Glaretie ra conte la désillusion qu'éprouva l’éditeur Dentu en le rencontrant. Accouru, lui tout jeune, pour voir de près le fameux auteur des ïambes, il se trouva devant uu petit monsieur qui semblait dessiné par Henri Nlounier, et qui, son chapeau haute-forme entre les genoux, expliquait l’Italie à M“* Dentu mère, en promenant son index sur le fond du chapeau ; — Ici, vous comprenez bien, madame, c'est Turin ; là, Milan ; plus loin, Venise; plus bas, Florence ; en descendant, Rome est là... Naples à cet endroit-ci... Le chapeau est un peu trop étroit pour voua désigner la Sicile. Au fait, madame, I» Sicile pourrait être figurée par mon genou. Suivez bien mon explication, madame. En quittant Turin... Le jeune Dentu regardait ce mon sieur d’un air effaré. Eh quoi ! ce clce^ rone qui traçait sur le fond d’un cha peau une carte imaginaire, c’était le poète farouche, effroi des charlatans et des faiseurs de phrases, qui avait chanté « la grande populace et la sain tu canaille, » Et la vierge fougueuse, enfant de la bastille, C’était le justicier accusé de cynisme, Diogène du vers irrité, qui s’était carac térisé lui-même en disant :...