Extrait du journal

à faire de la littérature, elle lui donna de sages conseils : « Si tu veux qu’on te prenne au sérieux, donnes-en l’exemple, étudie la langue à fond; pas d’à peu près, remontres-en à ceux qui ont appris le latin et le grec, et puis n’aie dans ta mise aucune des excentricités des bas-bleus ; ressemble aux autres par ta toi lette et ne te distingue que par ton esprit. En un mot sois femme par la robe et homme par la grammaire ! » Delphine était grande, un peu forte, mais très jolie et charmante. Lors qu’elle allait dans le monde et qu’on lui demandait de dire des vers, elle en disait sans se faire prier et les disait bien et simplement. « Un soir, quelle était complimentée par une jolie femme à la mode, elle lui répondit : « Ce serait plutôt à moi, madame, à vous complimenter ; pour nous autres femmes, il vaut mieux inspirer des vers que d’en faire ». Quelque temps après, elle partit avec sa mère pour 1 Italie et rencontra La martine qui fut, comme les autres, ébloui par sa beauté, mais il fut choqué par son rire. Elle riait trop, et long temps après, il lui écrivit : La gaieté est amusante, mais au fond c’est une jolie grimace. Qu’y a-t-il de gai sous le ciel et sur la terre ? Le bonheur est triste luimême quand il est complet, car l’infini est sublime, et le sublime n’est pas gai. Lamartine se lia, avec Delphine d’une grande amitié, mais il n’aimait pas ses vers comme le témoignent ces lignes : N octobre IS26.— Nous jouissons dans cet instant de votre amie mademoiselle Delphine Gay. Elle parait une bonne personne et ses vers sont ce que j’aime le moins d’elle. Cepen dant c’est un joli talent féminin, mais le fé minin est terrible en poésie. M‘le Gay fut très éprise d’Alfred de Vigny ; il l’aimait, aussi, mais Mroi de Vigny s’opposa à ce mariage et quel-...